Depuis un peu plus de quatre ans, je cultive un jardin de fleurs et il commence à prendre véritablement forme. Alors, j’ai envie de partager avec vous le bonheur de toutes ces couleurs offertes depuis le début du printemps. L’émotion de voir tous les jours la vie exploser doucement, lentement, dans ce petit massif. Chaque journée, chaque heure, il se passe quelque chose de nouveau dans un jardin, ça germe, ça émerge, ça pousse, ça boutonne, ça fleurit, ça s’épanouit, ça embaume, ça se fane, ça meurt, ça nourrit la terre.
Et j’ai également eu envie de mêler les couleurs de mes fleurs aux mots d’un de mes poèmes préférés de Baudelaire (le plus célèbre des faux pantoums) ainsi qu’aux définitions du dictionnaire du langage des fleurs de Vanessa Diffenbaugh :
Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Pensées et Géranium
Pensée : Pensez à moi – Géranium rose : Vous êtes candide
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Heuchère dite Désespoir du peintre
Iris : Message
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Narcisse jaune : Nouveau départ
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige …
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal
Oeillet rouge : mon coeur se brise
Rose moussue : Déclaration d’amour
Rose crème : Modestie
Rose orange : Fascination
(Cela ne se voit pas bien sur la photo mais c’est une rose bicolore entre ces deux tons)
Et puis il y a celles qui commencent tout juste à pointer le bout de leur nez :
Boutons d’hortensia : Froideur
On ne compte plus le nombre de musiciens et chanteurs qui ont adapté en chansons des poèmes de Baudelaire, notamment des Fleurs du mal. Ce n’est pas étonnant, les textes baudelairiens sont très musicaux. Ainsi, lorsque ce billet a commencé à s’ébaucher dans mon esprit, il était accompagné d’un rythme qui s’est peu à peu imposé dans ma tête. Voici donc mon petit hommage en toute modestie à Baudelaire, en espérant qu’il appréciera, où qu’il soit :
N’hésitez pas vous, à me laisser vos impressions sur cette interprétation très personnelle. Les Fleurs du mal est un recueil plutôt sombre mais j’avais envie, en contraste, de lui donner la couleur musicale des fleurs de mon jardin. Et puis, c’est tout simplement ainsi que cette interprétation s’est présentée à moi, de façon totalement spontanée et inopinée.
C’est vraiment superbe, Patricia: les fleurs, le poème, la musique…
Je reste presque sans mot pour dire ce que je ressens. Beaucoup d’émotions en tout cas, Baudelaire étant mon poète préféré.
crépuscule
le cri d’un oiseau s’achève
en flamboiement
C’est moi qui suis à présent sans mot, Monique ! De tels compliments venant de toi dont l’écriture est si sublime !
Nous avons un point en commun en plus de l’amour des arbres : Baudelaire comme poète préféré. C’est celui qui a consolé mon adolescence et m’a donné envie d’écrire.
Merci pour ton magnifique haïku.
J’aime beaucoup ton interprétation d’Harmonie du soir. Elle est assez envoûtante.
Ton article a fait revenir à ma mémoire un de mes poèmes que j’avais intitulé Le langage des fleurs (recueil Les rues fantasques) :
Pensez à moi, Violette, Pensée
Répondez-moi, Lavande bleutée
Vous m’éclairez, Bleuet des blés
Vous brillez de mille attraits, Renoncule des prés
M’aimez-vous, Chrysanthème des prés
Je pense à vous, Violette, Pensée
A la plus belle, Fleur de pommier
Tout plaît en elle, Fleur de mûrier
Toujours je crains de vous déplaire, Fleur de peuplier
Mon Dieu, quelle affaire !
Tout est découvert, Belvédère.
Oh que tu me fais plaisir Claire-Lise ! Toi qui chantes dans une chorale (un de mes rêves !!!)
Souvent les poèmes m’arrivent avec un rythme que j’essaie de retranscrire dans la façon dont je les déclame et la plupart du temps en m’accompagnant de petits instruments sonores qui ont une histoire pour moi.
Depuis que j’ai travaillé avec Lola-tia Moussa pour quelques chansons du spectacle DROM BOEM, beaucoup de poèmes me viennent aussi avec de la musique et c’est une voie(voix ?) que j’ai commencé à explorer. L’interprétation d’Harmonie du soir est arrivée toute seule dans ma tête alors que je prenais mon bain ! Il faudrait peut-être que je cherche une chorale à intégrer, j’en ai de plus en plus envie et cela pourrait m’aider au niveau vocal car je n’ai pas vraiment une très belle voix, j’essaie surtout de faire passer de l’émotion.
Ton poème « Le langage des fleurs » est très beau, joli rythme aussi, on dirait une chanson pour une ronde ! Dans le livre de Vanessa Diffenbaugh, renoncule signifie « vous êtes pleine de charme » mais le sens se rapproche, je pense que c’est un ouvrage qui pourrait te plaire.
Je n’ai jamais tenté de mettre en musique mes propres mots.
Je pense que tu n’es pas loin d’y arriver.
Chanter dans une chorale aide à travailler sa voix mais rien ne remplace les cours de technique vocale si on veut réellement progresser. Dans certaines chorales, le chef de choeur fait travailler la technique vocale mais ce n’est pas systématique.
Il n’est pas évident de trouver la chorale qui réunit toutes nos attentes. Je privilégie le plaisir avant tout : plaisir de chanter un répertoire qui me plaît, d’être bien dans le groupe.
A force de chanter, on finit toujours par progresser.
Mon poème Le langage des fleurs a été écrit à partir de renseignements glanés sur le Web sur la signification des fleurs. Le livre de Vanessa Diffenbaugh me tente bien mais ma liste de livres à acquérir est déjà bien longue…
Moi aussi j’ai des pages de carnets entiers griffonnés de références d’ouvrages à acheter ! Sans compter ceux que j’ai déjà achetés ou empruntés et que je n’ai pas encore pu lire !!!
Pour moi aussi, l’objectif premier en intégrant une chorale est le plaisir de chanter et aussi le fait de réaliser quelque chose en groupe, ce plaisir intense et partagé. Mais je sais qu’à force de pratiquer, il y a des choses que je maîtriserai mieux, ne serait-ce que le souffle. Je n’ai pas l’intention de faire de tous mes poèmes des poèmes chantés. Ils ne s’y prêtent pas tous et ne me viennent pas tous non plus accompagnés d’ambiance chantée. Mais pour les quelques-uns qui me demandent de les chanter, avoir quelques bases me feraient du bien ! En attendant, je fais avec mes limites. Il y en aura toujours de toutes façons !