J’aime la nuit. J’aime habiter la nuit. Je l’avais déjà dit précédemment, j’aime écrire la nuit. Les pensées sont plus claires et la pensée plus acérée. Le calme et le silence sont propices aux mots …
Mais j’aime aussi vivre la nuit. En ville. J’habite à la campagne depuis plus de quatre ans désormais et moi qui étais farouchement citadine, je suis de plus en plus attachée au rural. Je ne pourrais plus vivre en ville, c’est un fait certain. Mais tout de même, la vie nocturne citadine me manque parfois et lorsque l’occasion se présente d’y plonger, je m’en délecte.
J’aime la nuit en ville. Dans toutes les villes que j’ai eu l’opportunité d’habiter, que ce soit pour un week-end, quelques mois ou des années : Cotonou, Lomé, Abidjan, Paris, Bordeaux, Avignon, Lille, San Francisco, Mexico et toutes les villes mexicaines où je me suis arrêtée ; Madrid et Barcelone, Amsterdam ; Sainte-Rose, Deshaies et Le Gosier en Guadeloupe … J’aime la nuit en ville.
Marcher dans les rues illuminées, surtout s’il y a un plan d’eau pas loin sur lequel éclairages et lune peuvent jouer. Laisser défiler les pavés ou la poussière sous ses pieds. Noyer ses yeux dans le regard aveuglant des réverbères. Marcher le nez en l’air comme à l’affût d’une piste, d’une trace, du parfum qui naîtra de cette spirée particulière …
J’aime ces moments de vie entre parenthèses autour d’un verre dans un bar avec des copains d’un soir ou des amigos de toda la vida. Ces éclats de rire et de voix qui montent parfois un peu trop aigus, mais enfin libérés des convenances et des entraves de la vie en société. J’aime ces moments arrachés au flux du temps par un micro ouvert autour duquel dansent les mots des poètes et des slameurs. J’aime découvrir de nouveaux espaces, de nouveaux univers, de nouvelles humanités à la faveur d’un vernissage, d’un film sur un écran de cinéma, d’un spectacle de danse ou d’une pièce de théâtre. Oui j’aime ces moments entre parenthèses suspendus au clair-obscur de la nuit.
J’aime cette atmosphère particulière qui encense la nuit et nous fait pousser des ailes. Tout à coup, on se dit que tout est vraiment possible. Que demain, on peut commencer une nouvelle vie, tourner une nouvelle page, on refait le monde en commençant par le sien, son monde intime, en marchant doucement sur les pavés. Et alors on mêle intimement ses espoirs et ses souhaits à la peau de la nuit en priant pour qu’au lever du jour, le soleil ne morde pas trop fort l’épiderme de ses rêves …
Comme je te comprends Patricia !
Je suis si souvent déchirée entre la campagne et la ville. La ville ne cesse de me fasciner, de jour comme de nuit, par sa multitude. La ville est un coeur qui bat. Mais la campagne, plus propice à la contemplation, me manque profondément. J’ai choisi la ville mais sous son aile, je me sens parfois prisonnière.
Je te comprends aussi Claire-Lise. Et je reconnais ma chance de pouvoir vivre cet entre-deux ville-campagne. J’ai besoin de la campagne pour être et créer. J’ai besoin de la ville pour être et partager.