Lumières
Marie Laugery
Editions Le Solitaire
Prix ARDUA 2010 des Premières Réalisations
Après avoir lu et savouré Bleu, planète le dernier ouvrage de Marie Laugery, j’ai eu envie de lire ce qu’elle avait écrit avant. J’ai choisi Lumières à cause de son titre mais aussi parce qu’elle m’avait confié qu’elle y parlait d’arbres. Cela fait plus de deux mois que ce recueil me souriait sur mes étagères, mais je savais que les textes de Marie réclament du temps et du silence pour une lecture attentive. J’ai enfin pu m’y plonger dans les conditions favorables.
Lumières est en effet écrit avec le « sang vert » des arbres, mais aussi avec le sang de l’eau, celui de la terre, de la mer, de la lune, du sable, de la nature et des éléments. On y retrouve la nature contemplative de Marie Laugery qui chemine dans la nature, la questionne et à travers elle accède à l’Essentiel, l’essence de l’Univers et de l’éternité.
Son langage est toujours délicat et ciselé, allant droit au coeur des choses pour en extraire le parfum subtil.
Quelques extraits :
Mangrove
Un rideau de bouleaux blancs
Les arbres les fougères et l’eau se
mélangent
nourris de leur matière
Nécessaire pluriel
Le soleil déchire les feuilles
en un plongeon vers l’obscurité liquide
L’ombre dénude la lumière
Tes yeux délivrent mon regard
Sur la passerelle de bois
nos pas
lentement
s’épousent
Nécessaire présence
Le lac doré au pollen du printemps
berce les alevins
entre les tiges oblongues des iris
Les lézards
fuyant
s’accouplent entre deux planches
La vie se cache et se révèle
Buissonne l’union
dans les arcanes de la renaissance
qui nous accueille.
***
Enfleurage
(Extraits)
L’année du chèvrefeuille s’enroule sur la treille
des visages
au gré des parfums sauvages
où vit la mémoire des liens.
(…)
Se cache la Voie lactée dans le jasmin
et dans la poussière
la mort des astres.
***
La lune en ses quartiers diffère
Sourire de métal
chauffé à blanc
de neige moqueuse
Virgule appareillée sur un désert de mots
qui nous parleraient
si l’on savait lire
Parenthèse esseulée privée de sa jumelle
envahie par le doute
Accroc d’argent
Sur la robe de la nuit
que l’on a trop portée
Blessure ouverte
d’où jaillit la lumière exsangue
de notre futur
Réceptacle en diadème
où s’échoue l’écume
des marées perdues
Virage balisé
de vagues pensées
pour tourner en rond
Besace où l’on entasse
nos rêves en désordre
Seuls les plus fous y grandissent
Clairière échappée
d’une orange
où sont les arbres ?
Eclat de terre à la dérive
au large de soi
qui ne reviendra pas
Pâle escale
relais
entre rien et rien
Un jour
une nuit
j’irai
la lune en bandoulière …
Bonjour ,
ami poète de Marie Laugery , j’ai récemment créé un blog avec 150 de mes poèmes : lesmotsdalain.wordpress.com
Amitiés . Alain
Bonjour et merci pour le partage Alain, j’irai lire vos poèmes.
[…] délicate, ciselée et lumineuse de Marie Laugery. Je vous ai déjà parlé d’elle ici et là. Mais je crois que ce dernier recueil est mon préféré […]