Aujourd’hui, pendant ma pause de midi, je suis allée voir l’Exposition Singulière à l’Espace Saint Rémi à Bordeaux. Je n’en avais vu que l’affiche qui m’avait questionnée. Il faut dire que j’ai une tendresse particulière pour l’adjectif « singulier » et pour ceux qui se l’attribuent ou auxquels on l’attribue. Je n’avais pas voulu lire le dossier de presse et je m’y suis donc rendue « vierge ».
Il y a là des choses très intéressantes à découvrir.
J’ai beaucoup aimé le travail photographique d’Eric Humier sur l’univers industriel (« Le Sommeil des Cités »), « encadré » par Cyril Garans, artisan du métal.
J’ai ensuite eu un coup de coeur pour le travail de la plasticienne Laure Joyeux portant sur la part d’animalité de l’être humain.
Mais ma « révélation » du jour c’est le fascinant et déroutant travail d’Aurélie Martinez sur le corps et ses difformités, la chair, la peau.
Voici mon oeuvre préférée :
C’est une pièce qu’il faut vraiment voir en vrai. On croirait réellement que ce foetus squelettique et « ovniesque » est vivant ou du moins habité !
Mais il y a aussi des séries de photos, des sculptures étranges plus vraies que nature …
Photo de la série Affaissements, Aurélie Martinez
Photo extraite de la vidéo Ventre Graisseux, Aurélie Martinez
Vous pouvez retrouver le travail d’Aurélie Martinez sur son blog : Désa’corps.
Il a aussi fait l’objet d’une publication :
Images du corps monstrueux
Aurélie Martinez
Ed. L’Harmattan
Laure Joyeux et Aurélie Martinez avaient également participé, en mai 2011, à la 1ère édition d’une nouvelle biennale bordelaise qui a pour thème le corps : Organo. Je n’en avais pas entendu parler alors, mais j’attends désormais avec impatience la 2ème édition qui devrait avoir lieu en 2013 donc.
En attendant, amis Bordelais, courrez voir l’Exposition Singulière organisée par l’association Dérives Singulières. Et si vous n’êtes pas Bordelais, allez parcourir en long et en large le blog d’Aurélie Martinez !
Edit au 29 février 2012 : Aurélie Martinez vient d’ouvrir son site Internet.
D’abord… juste un questionnement
Sur le titre corps » monstrueux »… ( en rappelant étymologiquement , que monstre vient du fait que l’on montre » par exemple un phénomène de foire », exemple la Vénus Hottentotte ( ou Callipyge, si j’ai bonne mémoire… voir le film (Vénus noire, Abdellatif Kechiche, 2009 ) wikipedia nous apprend que çà correspond à « belles fesses », donc au contraire un corps « glorifié »)
Pour le corps « ordinaire », marqué par l’age, les muscles qui se dérobent, les rides qui se multiplient; c’est la marque du vécu, et je n’y vois rien de monstrueux… et même peut-être plus sympathique qu’un corps refait, siliconé, qui voudrait nier le temps, et obéir à des considérations esthétiques » contre nature »..
Je prendrai un exemple, c’est celui de « 1984 », le film tiré du roman d’anticipation de Georges Orwell… et bien on y trouve comme « héros », un couple de vieux, qui portent leur corps non -esthétique, mais qui sont réellement beaux, comparés à l’univers déshumanisé auquel ils sont confrontés…
beaux car humains, justement
Je suis tout à fait d’accord avec toi.
Et je pense que dans son travail, Aurélie Martinez joue aussi avec l’étymologie du mot « monstre » puisqu’elle les montre justement ces corps, humains, terriblement et magnifiquement humains.