En ce moment, après avoir lu le recueil de nouvelles « Saules aveugles, femme endormie », je lis le Livre 1 de la trilogie « 1Q84 » d’Haruki Murakami. J’avais besoin de rester dans l’univers à la fois poétique, onirique et fantastique de cet auteur qui me procure toujours de fabuleux moments de lecture. Et ce matin, mon petit moment de lecture dans le train ne m’a pas déçue !
Il y était question d’une femme ayant installé dans sa propriété une serre immense pour y accueillir des papillons et parmi ces papillons plusieurs espèces rares (un de mes rêves !!!). J’ai trouvé ce chapitre et ces passages particulièrement beaux et délicats et j’avais envie de les partager avec vous :
« Dans la vaste serre vitrée, c’était le règne d’un printemps parfait et sans partage. Différentes espèces de fleurs s’y épanouissaient. La plupart des végétaux installés là n’étaient pas exceptionnels et, même aux yeux d’Aomamé, il n’y avait là qu’un mélange de fleurs assez banales. Des glaïeuls, des anémones, des marguerites, des plantes en pots très communes s’alignaient sur des étagères. Il n’y avait aucune orchidée de prix, aucune rose rare, aucune fleur aux couleurs exubérantes originaire de Polynésie. Aomamé ne nourrissait pas d’intérêt particulier pour les fleurs, mais elle aimait cette serre et ses plantes peu recherchées.
En revanche, la serre abritait une multitude de papillons. Il semblait bien que la propriétaire préférait accorder toute son attention à l’élevage des papillons remarquables plutôt que cultiver des végétaux précieux dans ce vaste abri vitré. Et le coeur de la serre, c’était le riche nectar des fleurs dont raffolaient les papillons. «
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« Un papillon s’était approché en voletant et s’était posé sur son épaule, sur sa chemise de travail bleue. Un petit papillon blanc. Orné de différents motifs rouges. Il s’était endormi là, comme s’il ignorait la peur. »
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« Pour se lier d’amitié avec des papillons, il faut avant tout que vous deveniez vous-même une part de la nature. Bannir toute apparence humaine, demeurer parfaitement immobile comme si vous étiez un arbre, une plante ou une fleur. Cela vous demande du temps, mais une fois que votre partenaire vous aura accordé son consentement, vous deviendrez tout naturellement bons amis »
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« Ce sont juste des amis éphémères et anonymes. Je viens ici chaque jour, je retrouve mes papillons, je les salue et je leur parle de toutes sortes de choses. Mais quand leur temps est venu, les papillons disparaissent en silence. Je me dis qu’ils sont morts, mais j’ai beau chercher, jamais je ne retrouve leur dépouille. Ils ne laissent aucune trace, comme s’ils étaient aspirés dans l’air. Les papillons, ce sont vraiment les êtres vivants les plus élégants et les plus éphémères. Ils naissent on ne sait où, leur quête est paisible, très limitée, et ils disparaissent on ne sait où, imperceptiblement. Probablement dans un autre monde. »
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« L’atmosphère de la serre procurait une sensation de chaleur et d’humidité, lourdement saturée par le parfum des plantes. Et ici ou là apparaissaient ou disparaissaient les multiples papillons, tels des signes fugitifs ponctuant le flot d’une conscience sans début et sans fin. Chaque fois qu’Aomamé pénétrait en ce lieu, elle avait l’impression de perdre la sensation du temps. »
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« Il y eut un silence paisible. A l’intérieur de la serre close ne pénétrait aucun bruit du monde extérieur. Le papillon continuait à dormir sereinement. »
Extraits du chapitre
« Aomamé
Très doucement, pour ne pas éveiller le papillon«
1Q84
Livre 1 Avril-Juin
Haruki Murakami
Belfond, 2011
[…] Il y a quelques mois, j’ai lu et beaucoup aimé le livre 1 de la trilogie 1Q84 d’Haruki Murakami. Me voici plongée dans le Livre 2 depuis quelques jours. J’accroche un peu moins qu’au premier. Je trouve qu’il y a énormément de longueurs et que le rythme est désespérément lent. J’arrive à la moitié de l’ouvrage et il y a un événement qui fait à mon avis le « noeud » de ce Livre 2 mais qui s’étire indéfiniment sur plusieurs chapitres et 150 pages ! Mais bon, le plaisir de lecture est quand même toujours là. […]