Jeudi dernier, j’étais à la Maison des Femmes de Bordeaux pour le vernissage de l’exposition « Mes femmes » d’Aurélie Diard.
J’ai été très touchée par ces dessins en noir et blanc de femmes dans leur plus belle intimité. Des femmes de dos, nues ou très peu vêtues, offrant à nos regards la délicatesse de leur jolie lingerie et la pulpe de leurs rondeurs.
Dans une société où l’on n’expose que la minceur ainsi que les corps retouchés et lissés, ces portraits sont un vrai bonheur et apportent un peu de fraîcheur.
Mais Aurélie Diard ne fait pas que dessiner. Elle peint et elle écrit aussi. Et pour son vernissage, jeudi dernier, elle a mis en voix (trois voix dont la sienne) certains de ses textes et j’ai été particulièrement touchée par celui-ci :
La gitane,
On l’imagine en robe à fleurs rouge et jaune et qui passe son temps à danser, à chanter et à rêver.
Et pourtant, elle est souvent vêtue de noir, ma gitane. Des bijoux dorés aux oreilles, de longs cheveux noirs qui ont vu le temps passer ici et le regard profond. Elle réfléchit.
On l’imagine dans une caravane à jouer la bohémienne avec une boule de cristal et de longs ongles rouge sang de sorcière qui vous hypnotisent.
Et pourtant, ma gitane vit dans une petite maison en bois coquette. Il y a des fleurs en plastique un peu partout et ça sent le café frais.
Elle ne joue pas, elle vit. Comme elle peut et parfois même comme elle veut.
On croit que toutes les gitanes sont les mêmes. Qu’elles fument trop et qu’elles ont beaucoup trop d’enfants. Qu’elles sont mamans trop jeunes.
Mais chacune est unique parce que chaque femme est unique.
À la gitane que je connais, je voudrais dire que « même si la route n’est plus son chemin principal, qu’elle n’oublie jamais de suivre celle de ses tripes, de son cœur. Celle qui se trace toute seule ».
Et en me promenant sur le blog d’Aurélie Diard, j’ai découvert un autre texte qui m’a beaucoup plu :
Un autre noir et blanc,
Pas celui des photos ou des peintures de la Roumanie.
Pas celui des films lents et agréables.
Il y manque des détails.
Le noir et le blanc ou plutôt le noir et la blanche. Caramel et lait. Doux et sucré comme un bonbon que je laisse fondre dans ma bouche.
Je ne veux pas le finir si vite.
Sauvage mais doux.
Le noir et la blanche, c’est ce qui met en avant la différence. Celle de ce que l’on appelle « les races ».
Le ying et le yang. L’équilibre entre deux êtres. Le mélange des couleurs.
J’aime.
J’y travaille souvent.
L’amour en peinture.
Peindre en faisant l’amour.
Comme un équilibre, comme une passion indescriptible.
Le noir et le blanc, le noir et la blanche, la noire et le blanc ou la noire et la blanche.
Comme des vibrations intenses, uniques.
***
L’exposition « Mes femmes » d’Aurélie Diard est visible à la Maison des Femmes de Bordeaux jusqu’au 9 novembre 2012. Et vous y passerez certainement un très joli moment.
Ces dessins me touchent aussi. Les rondeurs féminines sont belles contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.
Le 2ème texte que tu as choisi a beaucoup de profondeur. Je ressens des vibrations fortes en le lisant. Il m’inspire.
Je suis contente alors de t’avoir fait découvrir le travail d’Aurélie Diard.
Le 2ème texte m’a forcément profondément touchée aussi, c’est presque l’histoire de ma vie, ces « vibrations intenses, uniques » du noir et du blanc. Je suis issue, forgée, sculptée de ces deux couleurs et je les vis également tous les jours dans mon couple.