Papillons de mots

La force des mots

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Comme beaucoup, j’ai regardé le film « Invictus » dimanche dernier à la télé. Parce que comme beaucoup aussi, je ressens énormément d’admiration pour Nelson Mandela, ses combats, son destin. En classe de première ou terminale, j’avais emprunté au CDI de mon école son autobiographie Un long chemin vers la liberté. Il fallait être intéressé et en vouloir pour à cet âge venir à bout de ce pavé de presque 800 pages ! Je me rappelle l’avoir lu sur plusieurs mois, en le faisant régulièrement réenregistré au CDI ! Mais je me rappelle aussi avoir été vraiment frappée par la lutte jusqu’aux extrêmes limites de cet homme.

Par contre, je ne me rappelle pas du tout que dans cet ouvrage, il ait parlé du poème Invictus de William Ernest Henley. La poésie occupait déjà une place plus qu’importante dans ma vie et c’est quelque chose qui m’aurait marquée je pense. Mais il faudrait peut-être que je relise cette autobiographie.

Toujours est-il que c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai découvert, en regardant ce film, la place primordiale qu’un poème a tenu et tient toujours dans la vie et le destin de Madiba.

Invictus, ce sont 16 vers qui lui ont permis de rester debout malgré les barreaux de sa minuscule cellule de Robben Island. Ce sont aussi 16 vers qui l’ont aidé à bâtir la nation arc-en-ciel en Afrique du Sud, à travers le pardon et la réconciliation.

Comme quoi, quoi qu’en pensent certains, les mots, la poésie ne sont pas que poussières de vent …

Invictus

Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.

Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.

It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate:
I am the captain of my soul.

William Ernest Henley, 1931

Traduction utilisée dans la version française du film de Clint Eastwood :

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

Ce poème a inspiré une interprétation par un rappeur :

Si vous n’avez pas encore vu le film de Clint Eastwood, je vous le recommande. Oui il y a des anachronismes, oui il y a quelques petites inexactitudes et des partis pris. Mais c’est un très bon film :

« Je suis le maître de mon destin. Je suis le capitaine de mon âme »

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