Début juillet, j’ai regardé la diffusion sur France 2 de cette très belle pièce dont voici le résumé :
A travers l’évocation de leur garde-robe Gigi, Eve, Marie, Nora, Françoise, Amanda, Lisa et les autres évoquent le passé, les rendez-vous manqués et ceux qui ont changé leur vie, les joies et les révoltes de l’enfance, les rires, les déceptions, les drames, les fêtes et les espoirs aussi. Souvent tachés pour l’éternité d’encre ou de groseille, imprégnés de parfum, de larmes quelquefois, empilés ou désordonnés sur les étagères, les vêtements restent liés pour toujours aux chapitres heureux ou malheureux de la vie. Blottis, serrés les uns contre les autres, ils construisent, dans les placards, un rempart contre l’oubli…
Vous pouvez la visualiser dans son intégralité :
Je l’ai trouvée très juste, très émouvante, très tendre. Drôle aussi parfois !
Forcément, je m’y suis retrouvée et cela m’a rappelé les robes qui ont marqué ma vie, qui ont compté pour moi. Il y en a quelques-unes mais j’ai juste envie d’en évoquer deux :
Ma petite robe blanche et rouge que j’ai portée pendant plusieurs années de ma petite enfance ! Je pense bien que je l’ai portée jusqu’à ne plus pouvoir y entrer tellement je l’aimais ! Avec ses jolies petites bretelles à nouer sur les épaules et ses petits volants !
Mes goûts n’ont pas tellement évolué ni en matière de coupe de robe, ni en matière de choix de couleur !!!
Et puis il y a eu ma belle robe d’un jour dont j’ai déjà parlée par là.
Du coup, je me suis dit que le temps du rendez-vous longtemps reporté avec cet ouvrage de Riikka Pulkkinen était arrivé ! Cela faisait un an que je lisais des critiques et notes de lecture dithyrambiques sur ce roman. De plus, le résumé et les thèmes évoqués me touchaient. J’aime beaucoup les histoires de femmes, les récits retraçant des relations mère-fille et dans celui-ci, il y a trois générations ! Et les secrets de famille pour lier tout ça ! Et la Finlande et les années 60 pour le dépaysement !
Finalement, j’en attendais peut-être trop, mais même si j’ai passé de très jolis moments entre les pages de cette histoire (de ces histoires), je n’ai pas été emballée. J’ai trouvé que l’auteure restait trop dans le non-dit, trop à la surface des choses, trop dans l’effleurement. Comme si elle avait voulu adopter la même attitude finalement que les membres de cette famille qui taisent des morceaux de leur histoire. C’est parfois un peu agaçant.
Je suis en fait peu ou prou en accord avec cette note de lecture et la plupart des commentaires des lecteurs.
Mais comme dit plus haut, la lecture reste agréable et il y a des passages savoureux.
Pour rester avec les robes, j’ai choisi de partager celui-ci avec vous :
« Dans l’armoire, de vieilles vestes, des robes, deux ou trois chemises d’homme. La robe de Bianca est noire et blanche, elle est pendue à un cintre. Anna ne la prend pas, elle veut quelque chose d’autre.
Elle parcourt du regard les robes, les caresse l’une après l’autre : des décennies accrochées aux cintres. Elle ouvre la porte de la deuxième armoire. Qui grince et résiste. Les vêtements ont l’air vieux, ils traînent ici depuis une éternité.
Elle en sort un qu’elle ne se souvient pas avoir jamais vu. La robe claire, légèrement évasée, date peut-être des années cinquante. Une large bande de tissu à la taille, un décolleté droit qui découvre les clavicules. Un flot froufroutant de tissu dans la jupe.
Il est facile de se représenter la fête : les espoirs fusent à travers la pièce. On échange sourires et politesses et peu à peu l’atmosphère passe de l’anxiété à l’excitation. Certains se rencontrent pour la première fois, d’autres se voient sous un nouveau jour, échangent peut-être leurs souvenirs les plus douloureux et les plus secrets. La pièce bruisse de conversations, mais ils sont deux, un homme et une femme, à ne pas l’entendre, ils se regardent, l’effroi, l’enthousiasme et la douceur cohabitent en eux, car ils savent que quelque chose a commencé, ils savent qu’il n’y aura pas de retour en arrière.
Anna ôte son chemisier et son jean, enfile sans difficulté la robe. Elle lui serre un peu la poitrine.
Dans cette toilette, elle a l’impression d’être quelqu’un d’autre. Arrivait-il que grand-mère la porte une ou deux fois par an, se rende au théâtre avec ses amis, déguste un cocktail de couleur rose dans un bar après la représentation, différente pour un instant de ce qu’elle était d’ordinaire, qu’elle jette un coup d’oeil à la porte à travers l’écran de fumée brumeux et rentre au galop chez elle ? Non que cela ait été dans ses habitudes à elle, mais, secrètement, cela faisait partie des usages de la robe. »
Et pour finir, cette très belle citation de Maryse Condé :
« Le roman, c’est un peu la robe que façonne la vie »