Ventres, sons creux – La gestation

Le 6 octobre 2013

Illustration Jachère de Maya Mihindou
sur mon poème Cercle de Vénus
pour notre projet « Ventres, sons creux »

Dans un petit peu moins d’une semaine, j’aurai en main les tout premiers exemplaires de « Ventres, sons creux ». Je ne peux vous décrire à quel point je suis à la fois heureuse, impatiente, excitée, soulagée, angoissée, anxieuse. Cet ouvrage ne ressemblera à aucun de mes autres ouvrages. Pourquoi ?

1) Il touche un aspect très intime de ma vie où j’ai décidé de puiser pour nourrir une oeuvre à rendre publique parce que cet aspect fait encore l’objet de tabou : l’absence de désir d’enfant d’une femme
2) J’ai livré mes textes à Maya pour qu’elle les illustre, les maquette et les édite. C’est la première fois que je laisse quelqu’un pénétrer et intervenir à ce point dans l’antichambre de la création d’un recueil. Mais j’avais et j’ai toute confiance en elle. Et si cela n’a été ni facile, ni simple et que cela nous aura pris trois ans à tâtonner, à discuter, à faire et refaire, je ne regrette rien, au contraire. Maya a pétri et superbement sculpté la « glaise » que je lui ai présentée pour en faire une oeuvre bien vivante !

Avant de poursuivre, je voudrais préciser que ce recueil n’est pas un livre de guerre ni de division. Même s’il comporte des poèmes très virulents, il ne s’agit pas d’opposer les femmes mères à celles qui ne souhaitent pas le devenir. Il ne s’agit pas de prôner un monde sans enfants ni d’inciter les femmes à ne pas en avoir. Il ne s’agit pas d’exhiber mon chemin de vie comme étant LE chemin, LA vérité. Non, non et non.

Bien au contraire, ce recueil est un recueil de dialogue et de paix. Ce recueil est simplement là pour dire : « Oui, nous les femmes ne souhaitant pas avoir d’enfants, nous sommes là, nous existons, nous avons les mêmes droits que toutes les femmes, nous ne sommes pas des femmes déséquilibrées, nous ne sommes ni plus ni moins égoïstes que vous, nous ne faisons de mal à personne et nous sommes heureuses et épanouies ».

Ce recueil est là pour dire : « Mon chemin n’est pas LE chemin ni LA vérité mais ne m’imposez pas non plus votre chemin comme étant LE chemin et LA vérité ».

Mon travail avec Maya est symbolique en ce sens car, il y a quelques années, Maya, elle, publiait « La petite femme ». C’est paradoxalement après avoir lu ce livre de Maya que j’ai eu envie de créer « Ventres, sons creux » avec elle. En effet, tout en ayant pris un chemin de vie diamétralement opposé au sien en ce qui concerne la maternité, j’ai trouvé des échos de mes propres univers dans les siens : la vie qui grouille, la vie organique, les arbres et leur symbolique, les ressentis et émotions qui passent par le ventre et tout le corps, la création et la transmission …

Voilà, je n’en dirai pas plus sur le contenu parce que j’espère que vous aurez envie de le découvrir, pour comprendre et pour accepter pleinement (et pas juste tolérer) les femmes qui choisissent de ne pas avoir d’enfant. Et ce, que vous soyez un homme ou une femme, parent ou pas, quel que soit votre âge.

Ceci est la toute première version de ce recueil qui s’intitulait alors « A toi dont mon ventre sonne creux ». Il comportait une cinquantaine de textes écrits entre 2008 et 2009.

J’ai soumis ce recueil au jury du Prix de vocation de la poésie de la fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour l’édition 2009. Il a fait partie de la présélection de 10 ouvrages.

Voici la 2ème version du recueil pour laquelle le titre avait été modifié et était devenu « Ventres, sons creux ». Cette version comportait les mêmes poèmes que la première, mais réorganisés en plusieurs parties et classés de façon à raconter une histoire.

J’ai présenté cette version à l’édition 2010 du Prix Yvan Goll. 3 des 13 jurés avaient voté pour moi. Mais cette année-là, le prix n’a finalement pas été attribué car le jury n’était pas parvenu à se mettre d’accord …

C’est cette version que j’ai livrée à Maya.

Et ceci est le prototype façonné par Maya à mi septembre cette année et comportant toutes sortes d’expérimentations graphiques et qui nous a permis de cheminer vers la maquette définitive cette semaine.

Nous avons conservé le titre « Ventres, sons creux » et un peu plus de 30 poèmes !
Il y a eu beaucoup de poèmes supprimés par rapport aux deux versions précédentes, mais aussi la rédaction d’un nouveau poème et d’une postface.
Il y a eu aussi une réorganisation générale des textes, toujours divisés en plusieurs parties, racontant toujours une histoire.
Autant vous dire que Maya a fait très sérieusement son travail d’éditrice ! Et elle a enluminé mes textes de ses époustouflants dessins d’orfèvre en noir et blanc.

Mes textes crachent et crient mes émotions et mes réflexions. Ils racontent aussi une histoire.
Les dessins de Maya soufflent des frissons. Ils racontent une autre histoire. Poèmes et illustrations s’associent pour créer une troisième dimension racontant sa propre histoire …

Voilà chers amis ! Maya et moi, nous présenterons les tout premiers exemplaires de cet ouvrage pendant la Fête des Vendanges de Montmartre à Paris le week-end prochain. En effet, dans ce cadre, une exposition de reprographies et de livres d’artistes est organisée à la librairie de l’Atelier des Xérographes. J’y serai donc samedi 12 octobre de 14h à 20h.

Amis parisiens, je ne suis pas souvent dans vos murs, venez me rencontrer et découvrir ce recueil.

Amis bordelais, pas de panique, je ferai en sorte d’organiser quelque chose à Bordeaux autour de cet ouvrage très bientôt.

A tous : « Ventres, sons creux » sera disponible sur commande à parution.

Illustration de Maya Mihindou
sur mon poème « Je mets les voiles »
Extrait de « Ventres, sons creux »

En attendant, je vous invite à consulter ces sites Internet :

Etre femme sans enfant
Ne pas devenir mère
Pas d’enfant, un choix pour des femmes
Childfree
We’re  not having a baby



12 grains de pollen to “Ventres, sons creux – La gestation”

  1. Bisarah Tatiana dit :

    Hâte de pouvoir découvrir ce livre. Il me faudra attendre un petit peu plus mais je ferai le nécessaire pour me le procurer.
    Mon choix est certes différent car je suis mère de 2 enfants mais il n’en reste pas moins que la tolérance et la compréhension de chaque choix de vie sont ma philosophie.
    Longue « vie » à ton ouvrage.
    Je t’embrasse.

    • Mariposa dit :

      Merci beaucoup pour ton passage et ton petit mot Tatiana ! Cela me fait très plaisir ! Je te mettrai un exemplaire de côté et tu pourras le récupérer à ton prochain passage par l’Hexagone !
      Accepter l’Autre, quel qu’il soit, fait aussi partie de ma philosophie de vie.
      Longue vie à ta jolie famille et toi.

  2. Claire-Lise dit :

    Je suis très impatiente aussi de lire ton recueil Patricia. C’est courageux de l’avoir écrit et de le publier.

    Mais je pense qu’une femme sans enfant reste et restera à part quoi qu’on puisse dire ou faire. Elle ne fait pas un choix compréhensible pour le plus grand nombre. C’est une différence qui ne peut pas être gommée. Mais c’est bien que tu partages cette expérience intime avec ceux et celles qui n’ont pas fait le même choix. Il est important de faire entendre la voix des minorités.

    • Mariposa dit :

      Merci de ton impatience et de ton soutien Claire-Lise ! Je suis pour ma part impatiente d’avoir ton ressenti après lecture ! Le tien et celui de tous ceux qui auront envie de le lire.
      Je pense comme toi qu’une femme sans enfant sera toujours à part, comme toutes les « minorités », comme tous ceux qui ne sont pas « comme tout le monde », ledit « tout le monde » étant plutôt la « majorité ». Etre à part ne me dérange pas, c’est mon côté anticonformiste sans doute, et il m’a toujours habité. Ce qui me dérange, c’est d’être « mise à part », dans le sens d’être considérée et montrée du doigt comme étant une sous-femme, une femme déséquilibrée ou une égoïste.
      J’espère que ce recueil apportera un peu de réconfort aux autres femmes sans enfant par choix, qu’elles pourront s’y reconnaître et se dire qu’elles ne sont pas seules. J’espère que ce recueil interpellera et fera réfléchir tous les autres.

  3. Claire-Lise dit :

    Ce que tu dis est vrai. Les femmes qui ne veulent pas d’enfant sont toujours un peu suspectes. Sinon, on ne s’interrogerait pas sur leur choix. Le désir d’enfant est tellement répandu chez les femmes comme chez les hommes qu’il est difficile de justifier un choix différent. Et on se sent, comme tu le dis, rabaissée à une sorte de sous-femme faisant un choix purement égoiste.
    Pour terminer sur une note plus positive, il faut aussi reconnaître qu’on a beaucoup de chance de pouvoir choisir d’avoir un enfant ou pas, chance que nos aïeules n’ont pas eue. Alors même si ce choix est difficile à faire admettre, tant pis, nous avons au moins la liberté de le faire.

    • Mariposa dit :

      Ah ça c’est sûr, c’est aussi un livre qui rend hommage à Simone de Beauvoir, à Simone Veil, à tous les militants et militantes féministes qui se sont battus et se battent encore pour nous !
      Oui, nous avons de la chance d’être nées au bon endroit, à la bonne époque !

  4. Monique dit :

    Je n’ai qu’une chose à dire Patricia. J’ai hâte de découvrir ton recueil. Et je sais que j’aurai beaucoup beaucoup à partager avec toi sur le sujet.

  5. Bonjour,

    Edith Vallée a mis en ligne son nouveau site : http://non-maternite.org/
    qui remplace http://non-maternite.blogspot.fr/

    Françoise Plozner, XARAX

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