« Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu’un d’autre de sa liberté. L’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité. »
Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté.
Zanele Muholi devant une des oeuvres exposées Porte 44/MC2A à Bordeaux
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Vendredi, je suis allée voir l’expo « Fragments d’une autre histoire » qui réunit 71 photographies et le film documentaire « Difficult love » de l’artiste sud-africaine Zanele Muholi dans le cadre de la saison sud-africaine en France 2013.
L’expo est présentée sur deux lieux : la galerie Arrêt sur l’Image et la Porte 44/MC2A.
Je n’ai malheureusement pu voir que la partie exposée à Arrêt sur l’Image (2 séries de photos uniquement) car la Porte 44/MC2A était exceptionnellement fermée vendredi. Mais je tenais à vous en parler car il vous reste moins d’une semaine pour aller la voir, elle ferme le 20 décembre. J’essaierai moi-même de compléter ma visite dans la semaine et je vous invite vivement à vous y rendre également !
Edit au 16/12/13 : Je viens d’apprendre que l’expo ouvrira à nouveau pour une petite semaine supplémentaire du 6 au 11 janvier 2014.
Portraits de la série Faces and Phases
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Série Faces and Phases
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Dans son travail, Zanele Muholi s’intéresse aux corps. Elle photographie les corps d’hommes et de femmes LGBT africains, mais surtout des corps de femmes. Elle s’interroge notamment sur ce qu’est un corps de femme lesbienne africaine et nous présente dans sa série Faces and Phases des portraits de femmes aux corps masculins ou féminins.
Gazi T Zuma – Serie Faces and Phases
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Thembi Nyoka – Serie Faces and Phases
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Elle suit des femmes dans leur parcours lesbien, elle nous fait entrer dans leur intimité. Elle donne une visibilité aux communautés LGBT africaines en général et sud-africaine en particulier. En effet, même si l’Afrique du Sud est le seul pays africain à reconnaître le droit au mariage pour les homosexuels, ces derniers font encore l’objet de toutes sortes de violences, les femmes étant notamment victimes de viols « correctifs ». Elles sont très souvent battues et il y a également eu des meurtres. C’est « ce dont l’apartheid est encore le nom » selon la photographe. Dans le reste de l’Afrique, l’homosexualité est souvent au mieux un tabou, au pire un crime pouvant être puni de la peine de mort …
C’est en ce sens que Zanele Muholi se définit comme une « activiste visuelle ».
Martin Machapa – Série Beulahs
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Malgré les violences et les luttes quotidiennes auxquelles ces communautés sont confrontées, Zanele Muholi a choisi de ne pas les présenter comme des victimes. Elle nous offre des photos douces, tendres, emplies de joie et d’émotion …
Ayanda Magudulela and Apinda Mpako – Série Being
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Tshidi Legobye and Pam Limekhaya – Série Being
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Zinzi and Tozama II – Série Being
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Massa and Minah I – Série Massa and Minah
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Miss Lesbian I – Série Self
© ZANELE MUHOLI / Masasam
Red-light- Série Self
© ZANELE MUHOLI / Masasam
J’ai eu un vrai coup de coeur pour le travail photographique de cette artiste. Parce qu’il est militant mais aussi et surtout parce qu’il est artistiquement réussi. Les photos sont superbes. Et comme quand on aime on ne compte pas, voici pêle-mêle des photos trouvées sur Internet :
Féminin-masculin, masculin-féminin, androgyne :
Corps de femmes, vénus noires hottentotes, filles de Botero :
Le travail de Zanele Muholi a fait l’objet d’une très belle publication dans le premier numéro de la Collection Femmes Photographes Africaines de Masasam. C’est une édition bilingue anglais/espagnol.
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Sur le thème de l’homosexualité en Afrique, j’avais écrit cet article « Peaux noires, mal blanc » pour le 13ème numéro du magazine Esprit Métis (février 2013) :