Aller simple
Erri De Luca
Edition bilingue italien/français
Traduction de Danièle Valin
Gallimard, 2012
J’ai fini de lire ce recueil il y a déjà plusieurs semaines. Ses textes et le rythme de ses chants continuent à me hanter en flux et reflux. La langue est simple, économe en mots, généreuse en émotions et en images frappantes, qui vous happent et ne vous lâchent plus.
On entame ce recueil par le voyage, ou plutôt la traversée, de migrants africains vers l’Europe. On est jeté au milieu d’eux sur leur fragile embarcation par ce « nous » tragique qu’utilise Erri De Luca. Désespoir, violence, mort, terrible et meurtrière survie, enfermement … Puis le poète nous débarque sur les terres de l’écriture, en nous faisant déambuler dans les quatre quartiers de son univers avant de nous accueillir, hôte impénitent, dans la maison presque mystique de sa poésie …
Je ne vous en dis pas plus. Je vous conseille cette note de lecture sur Recours au Poème et cet entretien avec l’auteur dans Le Magazine Littéraire.
Quelques extraits :
Jour deuxième, il manque aux jambes l’air de la foulée,
désir d’envahir les mètres vides entre eux et nous.
Jour troisième dans le canal du vent
les nerfs des deux armés frémissent de malédictions pour nous.
Impératif de sommeil, un de nous s’allonge,
ils le repoussent au-delà de l’espace interdit.
Ainsi sera la terre de l’arrivée, terrain clos interdit,
notre sommeil qui se heurte contre elle.
Nous rencontrerons des marins effrayés par nous, bergers sans pâtures,
marcheurs sans terre sous les pieds.
Nous y arriverons avec des enfants endurcis plus que des cals,
vagabonds avec leurs pères sur les écorchures de la terre.
Extrait de Récit de quelqu’un dans la partie Aller simple.
Quant aux autres extraits, j’ai eu envie de vous les lire. Excusez-moi pour le souffle et les sons parasites. J’ai souhaité tout de même vous offrir ce fichier dans tout son jus artisanal. Vous me direz si les sons parasites ont trop gêné votre écoute ou pas :
Pour les Bordelais, Erri de Luca sera à La Machine à Lire le 21 novembre à partir de 18h30.
J’aime les « baisers de ses yeux donnés ».
Vous savez quoi ? Moi aussi 🙂