Porteurs de cicatrices
Les morts aux visages rompus se redressent
La langue des humiliés se gonfle
Orageuse se lève la marée des victimes
Mais prenez garde porteurs de cicatrices !
Éteignez dans vos chairs les volcans de la haine
Piétinez l’aiguillon et crachez le venin
qui vous apparenteraient un jour aux bourreaux
Étouffez ces clairons ces sonneries
qui forcent la ressemblance
qui commandent le talion
Questionnez vos viscères
Percez vos propres masques
Soyez autres !
Andrée Chedid
In Poèmes pour un texte (1970-1991) © Flammarion 1991, p.119
Magnifique poème en forme d’avertissement.
L’humiliation engendre la haine et on sait où cette haine peut conduire. Mais il faut aussi pouvoir donner des réponses si on veut que s’éteignent les « volcans de la haine ». Et là, il y a beaucoup à faire…
Tellement à faire Claire-Lise ! Je ne m’imaginais pas à tel point. Mais les actes barbares de la semaine dernière ont révélé des foyers en couvaison un peu partout dans le monde, et souvent bien plus près de soi qu’on croit.
Tu as raison, Patricia, que de haines peut-on découvrir autour de soi… il n’y a qu’à voir les réactions à la minute de silence dans les écoles (personnellement je pense que c’est une erreur de l’avoir imposée)
Et le beau poème d’Andrée Chedid pour attiser la flamme de l’espérance.
Quelle belle expression que celle « d’attiser la flamme de l’espérance ». Pour le reste, l’éducation est une arme d’instruction massive. Il y a beaucoup de travail à faire auprès des jeunes.