Le Printemps des Poètes commence aujourd’hui, avec pour thème « L’Insurrection Poétique ». J’entame donc la mienne ici même, avec un texte que j’ai commencé à écrire il y a quelques mois et que je viens d’achever.
J’ai écrit ce texte parce qu’au détour d’une conversation, je me suis demandé pourquoi dire à une femme blanche qu’elle a le coeur coloré ou l’appeler « l’Africaine », c’est plutôt un compliment ; tandis que dire à une noire ou une métisse qu’elle est une bounty c’est plutôt une insulte ? Qu’est-ce que cela dit de nous ?
Sachant que pour moi, tout cela n’a pas de sens. Le comportement, le caractère et l’attitude n’ont pas de couleur.
Je nourris mon écriture de choses que j’entends autour de moi depuis que je suis toute petite. Alors si vous reconnaissez ici quelque chose que vous m’avez dit ou rapporté, j’espère que vous n’en serez pas blessé(e). Ce n’est pas le but. Le but est d’inviter chacun à la réflexion :
Fruit étrange
Tu dis que
Je suis ta copine oréo, ton amie vanille-chocolat
Tu dis que
Tu nous places en damier pour éviter qu’on discute en classe
Tu dis que
Les métis sont des déracinés
Tu dis que
Toi aussi tu aimerais être un peu métisse et bronzée toute l’année
Tu dis que
Je devrais aller faire défriser mes cheveux crépus
Tu dis que
La France a bien trop déteint sur moi
Tu dis que
Les enfants métis sont l’avenir du monde
Tu dis que
Tu me trouves un peu blanche dans mon attitude
Tu dis que
Les métis sont des apatrides
Tu dis que
Je suis une bounty : noire à l’extérieur, blanche à l’intérieur
Tu dis que
Mon homme n’a de blanc que la peau
Tu dis que
Ma famille est assimilée
Tu dis que
Tes amies t’appellent l’Africaine, toi la Ch’ti aux yeux bleus
Tu dis que
Mon amie est une blanche au coeur coloré
Tu dis que
Non, décidément je ne peux pas être une enfant de mon pays
Tu dis que
Une noire ne peut pas être végétarienne
Tu dis que
L’homosexualité est une maladie de blanc
Tu dis que
Une noire est faite pour porter des enfants
Tu dis que
Une noire ne peut pas être ce que je suis
Tu dis que
Les métis sont acculturés
Tu dis que
Les métis ….
Tu dis, tu dis, tu dis
Et tu construis un monde en noir et blanc
Sans nuances et sans chaleur
Et tu me gifles de ton regard manichéiste
Je te dis que
Ma couleur
Je l’ai dans la peau
Mais
La couleur de ma peau
ne détermine pas
Ce que je suis.
Mariposa
Oui, Patricia à lire cette navrante suite de clichés, je me dis qu’une réflexion approfondie serait nécessaire. Sur ce que disent les autres. Sur ce que l’on dit soi même.
Peux-tu me dire quelle est l’origine de cette photo… belle, a priori! Mais pourquoi ne se regardent-elles pas?
Coucou Monique ! Oh oui, nous avons tous nos propres clichés et une de ces phrases sort de ma propre bouche « antan lontan » !
Pour la photo, je la trouve très belle aussi. C’est une « amie » Facebook qui l’a postée sur son mur pour un jour de célébration de l’amitié sans distinction d’origine ou quelque chose comme ça. Je n’en connais pas l’origine mais elle est signée. Reste juste à déchiffrer la signature !
Oui j’ai sûrement dit des choses comme ça, probablement des pires, apprenons, avançons, OK pour l’insurrection poétique !
En avant ! 😉