Source de l’image : Totem World
En France, on commence à connaître le mot bin-bin. Au Sénégal, c’est le mot wolof utilisé pour désigner les ceintures de perles dont les femmes ceignent leur taille. Au Bénin, en langue fon, on parle d‘alin djè (littéralement « perles de hanche »). L’usage de rangs de perles ornant les reins des femmes est répandu un peu partout en Afrique.
Vendredi dernier, j’ai passé ma journée en cocon d’écriture chez moi pour travailler sur un futur projet de recueil poétique. Je ne sais pas pourquoi, les perles sont venues me trotter à l’esprit. J’ai écrit un poème sur le fil de ces ceintures de perles, que je destine à ce futur recueil. Et en marge, j’en ai écrit un autre que je vous lis ici, en m’accompagnant de mon chekeré (calebasse recouverte d’un filet de perles) :
Poème Djè, Chapelet sulfureux, lu par Patricia Grange, tous droits réservés
Source : Totem World
Ce poème évoque évidemment le rôle sensuel et érotique, très répandu, des ceintures de perles. J’ai eu beaucoup de plaisir à l’écrire et j’espère que vous en prendrez autant à l’écouter.
Mais traditionnellement et historiquement, l’usage des perles va bien au-delà. Elles sont porteuses d’un héritage culturel riche et fascinant. Elles sont notre patrimoine et méritent que nous nous les réapproprions et que nous les préservions.
Je vous invite à lire cet article traitant des différentes fonctions des perles à travers les âges dans le Golfe du Bénin. Voici également un article sur le rôle des perles dans la société béninoise.
Source de l’image : Xalimasn
Après avoir écrit mes deux poèmes emperlés, j’ai parcouru Internet pendant de longues heures pour replonger dans l’histoire et la signification des perles africaines que j’ai toujours affectionnées. Quand j’avais autour de 10-11 ans, j’ai passé tous mes mercredis après-midi en atelier à enfiler des perles en terre cuite ou en verre et à monter des colliers plus ou moins sophistiqués. J’en garde un excellent souvenir …
Au cours de mes recherches, j’ai rencontré ce livre qui me paraît à la fois somptueux et bien documenté et que je pense me procurer dès que possible :
Cet ouvrage porte d’ailleurs en ornement de couverture mon style de perles préféré. En atelier de perles, la grande majorité des colliers que je réalisais était composée de ce type de perles ou de perles les imitant. Ce sont les Millefiori ou perles de Murano, porteuses d’un héritage vénitien et de l’histoire de l’esclavage.
Source de l’image : Ghanacraft
Au cours de mes recherches, j’ai aussi découvert avec plaisir qu’au Bénin, une jeune femme vient de créer La Maison des Perles afin de sauvegarder et de promouvoir ce joli patrimoine. Il s’agit de Sandra Adjaho, fille de notre regretté chanteur Adjaho Guillaume et créatrice de bijoux en perles. Elle s’intéresse en particulier aux perles traditionnelles en terre cuite. Bravo à elle et longue vie à la Maison des Perles !
Une à une, je souffle vers vous les perles de la Mémoire …
[…] Notes : Le batik, le wax, le lessi, le bazin et le atcho oké sont divers types de tissus et d’étoffes que l’on trouve au Bénin et avec lesquels on peut créer des vêtements à l’infini en se rendant chez son tailleur préféré. Au Bénin, cela coûte moins cher d’acheter du tissu au marché et de le faire coudre (les ateliers de couture sont légions, de toutes les gammes, pour toutes les poches, tout comme les tissus d’ailleurs) que de s’habiller en prêt-à-porter (importé pour la grande majorité, mais il commence à y avoir pas mal de créatrices et créateurs béninois sur place). A propos de créateurs, sur la photo Alin Djè ci-dessus, je porte des ceintures de perles créées par la talentueuse Sandra Codjo sous sa marque Perlicious. Sandra crée de merveilleux bijoux et perlages de vêtements, très contemporains. Merci à elle de s’être réapproprié la tradition des alin djè dont je vous avais parlé dans cette note de blog. […]