Ballet Pneuma de Carolyn Carlson
Au début de la semaine dernière, je suis allée voir le ballet contemporain Pneuma de Carolyn Carlson à l’Opéra de Bordeaux. J’avais décidé de me présenter « vierge » au Grand-Théâtre, sans avoir trop lu, écouté ou vu d’informations concernant cette création. J’avais été attirée par le titre, le fait qu’il évoquait le souffle (de vie, de création ?), l’air, le vent, la légèreté. Je n’ai pas été déçue ! Je ne savais pas qu’un nuage pouvait devenir une petite meringue délicate et savoureuse, à la fois croustillante et fondante, et que cette meringue pouvait se mettre à danser …
Ballet Pneuma de Carolyn Carlson
Jamais non plus je n’avais eu aussi intensément et régulièrement la chair de poule (environ toutes les 10 min !!!) en allant voir une création chorégraphique.
En rentrant chez moi le soir même, j’ai lu le programme et la note d’intention de Carolyn Carlson et je me suis immédiatement mise à gribouiller un poème …
« C’est un poème en soi de réveiller notre conscience dans des confrontations avec l’infini, où l’on peut pénétrer l’immensité, devenir nous-mêmes les fils qui tissent la réalité cosmique … […]
Nous sommes en dialogue constant avec la Nature, notre terre et les cieux. Je prête une attention particulière aux couches supérieures de l’atmosphère. […]
Une inspiration de possibilités infinies. Un poème de l’univers écrit depuis la naissance du monde … »
Extraits de la note d’intention de Carolyn Carlson
(A noter que Pneuma est inspiré de l’ouvrage L’air et les songes : essai sur l’imagination du Mouvement de Gaston Bachelard)
A la fin de la semaine dernière, j’ai assisté à une rencontre avec Gabriel Okoundji qui a eu lieu dans le prestigieux Salon Albert Mollat de la Librairie Mollat à Bordeaux, à l’occasion de la publication du dernier ouvrage de l’auteur, Comme une soif d’être homme, encore.
En fait, il s’agit d’une anthologie qui réunit la grande majorité des textes de l’oeuvre de Gabriel Okoundji jusqu’ici. A l’occasion de cette publication, il a procédé à une relecture/révision de certains textes.
Partager avec vous quelques mots glanés aux lèvres de Gabriel lors de cette rencontre, abordant l’arbre, la poésie, le poète, la parole, l’être humain/vivant dans le monde (ces termes ne recouvrent-ils pas au final une seule et même réalité ?) :
– L’écorce ne refuse pas l’humidité de son tronc
– L’hypermnésie de l’arbre le condamne au silence
– L’eau est guérisseuse des âmes
– L’arbre pousse là où est sa racine pourvu qu’il demeure poreux aux vents qui agitent son feuillage
– L’émotion est notre peau, notre premier neurone. Nous sommes des êtres émotionnels.
– Qu’est-ce qu’on cherche ? L’unité du ciel et de l’humanité.
Voyez-vous où je veux en venir ?
En relisant ces mots de Gabriel, en évoquant son oeuvre dans sa globalité, j’ai repensé au Pneuma de Carolyn Carlon et à ce que j’avais lu de l’oeuvre globale de cette danseuse, chorégraphe et … poète. Et je me suis dit qu’il y avait des échos, des résonances, des vases communicants …
Et nourrie de l’air, du souffle et des arbres de Carolyn Carlson et de Gabriel Okoundji, j’ai enfin accouché mon poème :
Pneumanima
L’air est une fleur qui respire des parfums de vie
Lever les yeux vers les rêves à toucher
Caresser l’univers infini des miracles à habiter
Accueillir en soi l’épaisseur-velours du vent
Alors le coeur s’envole vers la transparence des elfes
Danse blanche des songes et de la matière
Du souffle au sang Du sang au souffle
Révolution en déséquilibre suspendu
Devenir planète.
Patricia Grange
Octobre 2015
Tous droits réservés
Belle inspiration, Patricia! Moi aussi un spectacle de danse m’a poussé à écrire « Danse avec la nuit », une série de poèmes sur la magie de la nuit.
Voilà qui m’intéressera doublement, Monique. Je suis autant amoureuse de la danse que je suis papillon de nuit 🙂
Un écho ou une réponse qui m’est venue comme ça en lisant ton magnifique poème Patricia :
Elever son ciel
Etreindre l’infini
Enfiler la robe-velours du vent
Coeur battant au rythme des songes
Blanc entrelacement des corps et du vent
De la note au soupir
Du plein au délié
La vie sans cesse habitée.
Quel bel écho, Claire-Lise ! Que je suis ravie de t’avoir inspirée !
Devenir planète dans le mouvement des planètes, pulsations de l’atome comme un coeur qui bat, vous avez écrit là de belles métaphores de la vie, de ses respirations, merci bien à vous et aux auteures des commentaires.
Oh merci beaucoup, François ! J’ai largement été inspirée par Carolyn Carlson et Gabriel Okoundji qui, dans deux disciplines différentes, se rejoignent sur l’essentiel (au sens de l’essence de la vie).
Superbe votre poème, bonne continuation et automne.
Bienvenue ici et merci beaucoup, Louisette. Bel automne à vous aussi.