Gbehanzin
Scénario : Florent Couao-Zotti
Dessin : Constantin Adadja
Sur une idée orginale de Sonia Houenoude Couao-Zotti
Association Aura & Laha Editions, 2016
Si le grand roi Béhanzin vous tourne le dos sur la première de couverture de cet ouvrage de bande dessinée, c’est parce que traditionnellement, à la Cour d’Abomey, il était interdit de regarder le roi de face.
Mais son portrait orne cependant la quatrième de couverture :
Les pages de garde présentent également des photos historiques aux jolies couleurs sépia :
Le Roi Béhanzin est le héros national numéro un au Bénin et une grande figure de la résistance africaine à la colonisation. Il a marqué l’Histoire avec un grand H bien au-delà des frontières de son royaume du Danxome (Dahomey puis Bénin).
Il était donc tout à fait normal qu’un jour ou l’autre, sa patrie lui consacre une bande dessinée ! Auparavant, il y avait eu la pièce de théâtre Kondo, le requin du regretté Jean Pliya, parue en 1966. Mais une bande dessinée est plus accessible au public de jeunes scolaires principalement ciblé par cet ouvrage. Il s’agit d’une belle initiative pédagogique qui permettra aux jeunes Béninois de connaître leur histoire et de s’en approprier.
Cette bande dessinée retrace la vie du souverain, de son accession au pouvoir après la mort de son père, le roi Glèlè, en 1889, jusqu’à sa propre mort, en exil en Algérie, en 1906, et le retour de sa dépouille sur la terre de ses ancêtres, en 1928.
La planche ci-dessus relate son couronnement et le choix de son nom de souverain : Gbê hin azin Aï djrè (Béhanzin Aidjrè), à savoir « la terre tient l’oeuf que le monde désire ». Il faut quand même reconnaître que nos rois d’Abomey savaient faire preuve de poésie !
L’ouvrage accorde une place importante – méritée – aux Agodjié, corps d’élite féminin de l’armée des rois d’Abomey, que les Occidentaux ont nommées Amazones. Il les montre en entraînement, au combat et rapporte cette légende que j’ai maintes fois entendue lors des visites au Musée historique d’Abomey : celle de l’Amazone qui s’étant retrouvée diminuée et désarmée sur le champ de bataille, a choisi d’autres armes bien aiguisées pour en finir avec l’ennemi :
Non, les Amazones n’étaient pas des enfants de coeur ! Et elles ont effectivement largement donné de leurs personnes lors des batailles puisque leur technique favorite était le corps à corps, ce qui avait pour effet de surprendre et de décontenancer l’ennemi masculin. Les Amazones du roi Béhanzin et, de façon générale, les Amazones du Dahomey ont, elles aussi, marqué les esprits bien au-delà des frontières de notre petit pays (Stieg Larsson notamment les mentionne dans La Reine dans le palais des courants d’air, troisième tome de sa série Millénium).
Cet ouvrage est réellement une belle démarche et les différents intervenants qui y ont contribué ont fait du beau travail. Il est cependant conçu uniquement pour un public béninois, ce qui est dommage, étant donné l’envergure du personnage traité. Quelques petits aménagements permettraient de l’exporter non seulement dans la sous-région mais au-delà :
– Il faudrait un lexique et des notes explicatives concernant les noms de différents personnages et villes qui jalonnent les planches
– Il faudrait un schéma présentant l’organisation de la cour d’Abomey et la hiérarchie des différentes personnes qui gravitent autour du roi
– Il faudrait une carte géopolitique permettant de bien comprendre les différents intérêts en jeu
Ceci mis à part, cette bande dessinée a vraiment le mérite d’exister et j’avoue être plutôt fière de pouvoir l’avoir entre mes mains. C’est une bonne chose de revisiter notre histoire et de la rendre plus accessible, de la diffuser. Et je suis très heureuse d’avoir lu, dans la note de clôture, que d’autres projets étaient envisagés pour le roi Toffa ou Bio Guera par exemple. J’ai hâte !
Photo : Mariposa, Abomey, 2007
Aujourd’hui, une statue monumentale du roi Béhanzin s’élève à l’entrée de la ville d’Abomey, dans un geste qui dit « stop » à la colonisation.
Aujourd’hui toujours, après avoir commis le scénario de cette bande dessinée, Florent Couao-Zotti, figure importante de la littérature béninoise, collabore avec une autre star béninoise et non moins hollywoodienne, Djimon Hounsou, pour la réalisation d’un biopic sur le roi Béhanzin.
Voici deux liens pour aller plus loin :
– Présentation de la BD dans Le Monde Afrique lors de son lancement au Bénin
– Florent Couao-Zotti fait quelques confidences concernant le biopic sur Béhanzin
Et je vous laisse avec ce reportage de France Ô consacré à Béhanzin, qui évoque cette BD mais aussi le film à venir :
[…] ami Jean de Kerno a lu ma note de lecture sur la BD béninoise consacrée au roi Béhanzin. En écho, il m’a envoyé cette jolie triade que je partage avec vous […]
Bonjour,
où peut-on se procurer cette BD ?
Merci d’avance
Cordialement
Bonsoir. Merci pour votre visite ici.
L’exemplaire que j’ai lu avait été acheté à la Librairie Notre-Dame de Cotonou.
Peut-être pouvez-vous contacter Laha Editions pour en savoir plus ?
Merci pour ces informations précieuses, je vais tenter de me procurer ce petit bijou de BD 🙂
Avec plaisir.