Hier soir, en rentrant après une soirée passée au cinéma et une petite déambulation nocturne, j’ai écrit ces mots :
(sans titre pour le moment)
C’est mardi soir. Bientôt mercredi.
Je marche dans Bordeaux. Pouls mécanique des bottines sur les pavés. L’atmosphère vibre de quelque chose que je ne sais pas mais que j’aime et qui m’aime. Les lanternes des quais incendient l’air de pulsations fluo. Je me déploie vers elles. Toujours cet ADN d’insecte amoureux de la nuit mais que la lumière attire. Jusqu’au vertige. Quitte à s’y griller les ailes. Pourvu que la danse soit belle !
C’est mardi soir. Bientôt mercredi.
Je marche dans ta volupté, ô nuit de Bordeaux.
Je descends du tram à la seconde où sur l’enseigne de la pharmacie les chiffres fluo passent de 23:59 à 00:00.
C’est mercredi. Tout juste. Tout juste mercredi.
Et je marche dans Bègles. Nuit de demi-lune croissante. Ca sent bon la terre mouillée. Mon être s’emplit d’humus. La mousse m’enrobe la peau. Traversée verticale du baiser des racines au houppier. Janvier embrasse sa dernière semaine. L’air est incroyablement doux. Presque tendre. Un brin sensuel. La nature s’y perd et bourgeonne en plein hiver.
Je suis à l’heure de mes saisons, en plénitude verte.
Patricia Houéfa Grange
Bordeaux/Bègles, nuit du 23 au 24 janvier 18
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Après avoir recopié ce texte dans mon carnet, il m’a semblé que j’avais écrit un poème dans la même veine il y a quelques mois. Dans mon souvenir, cela datait de l’été dernier. Je l’ai retrouvé. Très étrangement, je l’ai écrit non pas il y a quelques mois, mais il y a environ un an, à la même époque :
Kupu Kupu malam
Il fait nuit
Je marche dans Bordeaux
traversant la pluie
quand le ciel est corbeau.
C’est vendredi soir
je flotte et déambule
arpentant les trottoirs
entre les gouttes, petite bulle.
Il fait nuit
je marche dans Bordeaux
j’avance et le caché fuit
hétérocère aux ailes d’oiseau.
Patricia Houéfa Grange
Bordeaux, le 11 janvier 17
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Etonnant non ces « cycles » d’écriture ?
Ah, et sinon, « kupu kupu malam », cela veut littéralement dire « papillon de nuit » en malais.
Mais mon « professeur » de malais m’a également confié avec espièglerie que l’expression est aussi utilisée pour désigner ces femmes qu’en français on nomme « belles de nuit ».