Photo : Patricia Houéfa Grange
A la fin du mois de février, je suis allée passer un week-end prolongé dans la ville de Nantes. Cela faisait longtemps que j’avais envie de visiter cette ville, elle a fini par trouver son moment pour me mener vers elle. Comme à chacune de mes échappées, je suis partie avec un carnet, que j’ai noirci de mots au fil de mon séjour. Même s’il s’agit cette fois d’un carnet très personnel, j’en partage tout de même quelques passages avec vous :
Photo : Patricia Houéfa Grange
Bordeaux – Jonzac – Saintes – Rochefort – La Rochelle – Luçon – La Roche sur Yon – Nantes
« Je suis assise à côté d’un jeune homme trop parfumé. Le train est presque vide. Depuis les fenêtres, j’aperçois la rue des Terres de Borde, un de ses tabacs, et les éboueurs qui achèvent leur tournée. Bordeaux se réveille doucement. Le voyage peut commencer.
Entre Bordeaux et Jonzac, paysage encore saisi de givre et de gel, parfois presque blanc, la plupart du temps comme flouté, tamisé. Puis, un quart d’heure après Jonzac, la lumière du soleil commence à poser ses dorures sur la verdure. Quelques légers filets de brume s’attardent encore par endroits, notamment entre les ceps dans les vignes. La bruyère est mousseuse. »
« Par la fenêtre, j’aperçois la campagne noyée. Etonnant paysage que ces arbres qui surgissent de l’eau. La voie ferrée surnage tout juste. On se croirait dans un tableau de Dali. »
« Une fois passé Rochefort, le train longe un instant la côte. Respiration de l’Atlantique par les fenêtres. Maisons immaculées et sable blond fin encore humide. Impression d’été. »
« Gare de La Rochelle. Bientôt dix ans que je ne t’ai pas rendu visite, La Rochelle. Toi qui autrefois accueillait, berçait, apaisait et caressait ma solitude. (…) Je reviendrai te voir bientôt, cette année j’espère, La Rochelle. Pour te confier à nouveau ma solitude. Tu verras, elle n’est plus la même. Elle est ma compagne fidèle, et désormais, je l’aime. La Rochelle, je reviendrai t’embrasser et te laisser me dévorer de tes baisers. »
« Mon voisin est descendu, libérant définitivement sa place que seule son écharpe épaisse, roulée en boule comme un chat sur la tablette dépliée, occupait depuis plus d’une heure. Je m’étale entre les deux sièges, côte à côte.
Moitié du trajet. Quand j’y pense. Cinq heures pour relier Bordeaux et Nantes. Presque autant qu’un vol Paris-Cotonou ou Paris-New York. Presque autant que pour être catapulté sur un autre continent, dans un autre monde, d’un coup d’ailes mécaniques.
Cinq heures. Je n’aurai traversé les frontières que de départements. Mais j’espère bien que tu me feras traverser d’autres mondes, Nantes, amante à venir. »
« 11h45. Gare de La Roche-sur-Yon. Dernier arrêt avant Nantes. Nous avons rendez-vous dans trois quarts d’heure, chère capitale des Ducs de Bretagne.
12h25. Premiers regards échangés avec toi, Nantes, depuis le train.
Photo : Patricia Houéfa Grange
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Nantes
12h30. Le train s’est garé avec quelques minutes d’avance et j’avance dans les couloirs de la gare. Je pensais prendre le tramway. Mais il fait si beau. Je traverse l’esplanade et c’est parti pour une demi-heure de promenade à pied le long des quais jusqu’à mon repaire vernien.
Photo : Patricia Houéfa Grange
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Une petite balade qui m’offre déjà un aperçu du centre ville de Nantes. Je devine déjà qu’elle doit avoir pas mal de charme. Je longe le Château des Ducs de Bretagne. J’aperçois les tours/clochers de ce qui doit très certainement être l’Eglise Sainte Croix et la Basilique. Je traverse deux grandes places très animées dont les terrasses des cafés sont bondées.
Photo : Patricia Houéfa Grange
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A l’approche du quartier du Graslin où je vais résider, je devine l’entrée du Mémorial de l’Abolition de l’Esclavage. Je m’attendais à quelque chose de plus imposant. Mais après tout, ce n’est que l’entrée. Je jugerai une fois que je l’aurai visité. »
Photo : Patricia Houéfa Grange
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« Je suis ravie de ces premières promenades nantaises ! J’aime les rues piétonnes, les parcs, les jardins, les rues-escaliers qui montent/descendent, les grandes places. Nantes me rappelle Québec. Mais c’est certainement Québec qui doit ressembler à Nantes ! Elle me rappelle un peu aussi Prague, avec ses passages et la présence de l’art nouveau … »
Photo : Patricia Houéfa Grange
« Je file à l’embarcadère des Bateaux Nantais, j’ai réservé une promenade sur l’Erdre. Moment très agréable sur cette belle et grande rivière au coeur de la nature, au cours de laquelle on croise un bateau-lavoir, une maison de lavandière, une passerelle piétonne et cycliste sur pilotis, des folies, des sportifs aquatiques, d’anciens quartiers de pêcheurs et maraîchers devenus bobos et cossus sans pour autant perdre leur charme ; sans oublier la faune à plumes perchée dans les arbres en bordure d’eau : mouettes, canards, hérons cendrés … Un vrai régal.
Mon esprit vogue entre terre et eau, mon esprit rêve entre vert et bleu.
Photo : Patricia Houéfa Grange
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Photo : Patricia Houéfa Grange
Puis je reviens sur terre pour traverser l’Ile de Versailles et son joli jardin japonais. Le printemps commence à s’épanouir sur les branches. Pompons blancs et rose tendre de ci de là. Points de suspension sur l’eau. Cascade rieuse où s’est perché un jeune penseur.
Photo : Patricia Houéfa Grange
Je remonte l’Erdre, croise le Monument aux 50 Otages et arrive au pied de la Tour Bretagne. 32 étages pour atteindre le septième ciel ? 32 étages pour mettre Nantes à mes pieds ? 32 étages pour redécouvrir la ville vue d’en haut à 360 degrés ? Telles sont les promesses du lieu.
Photo : Patricia Houéfa Grange
Là, bien au chaud dans Le Nid, à quelques pas du volatile échoué de tout son long au milieu des oeufs qu’il a semés, verre de cocktail Le Nid à la main, j’assiste à l’embrasement puis l’illumination de la ville. Crépuscule couleur Sex on the Beach, puis Cosmopolitan et enfin curaçao et Bombay Sapphire. Petit à petit, étoile après étoile, Nantes se dessine en habit de lumière et je vois apparaître dans l’axe de mon regard l’Ile de Nantes, le Carrousel des Mondes Marins, les Anneaux, les Grues Titan.
Je plane un peu tandis que l’ascenseur me fait redescendre sur terre. Je déambule le long du rayon de la ligne verte pour goûter les saveurs de la nuit nantaise. »
Photo : Patricia Houéfa Grange
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« Arrêt au Memorial de l’Abolition de l’Esclavage où je suis à nouveau surprise de me retrouver saisie.
Je suis assise là au coeur du Mémorial, sous les quais, à fleur de Loire. Comme dans la cale d’un négrier. Je suis assise là, au coeur des dates, des mots, des poèmes, des déclarations officielles. Assise sur les vagues et les instruments lancinants de la sonorisation. Ca m’arrache les tripes. Ca réveille une transe. Toutes les racines de mon arbre généalogique se mettent en frémissements, vibrations, palpitations. Ca allume une transe. Comme si le sang était porteur de souvenirs gravés à même l’ADN. Ca vacille une transe. Et mon coeur adopte la respiration de la Loire et de la Mémoire. »
Photo : Patricia Houéfa Grange
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« Je redescends vers la Gare Maritime où je prends un bateau pour le joli quartier excentré de Trentemoult. Anciennes maisons de pêcheurs. Pittoresques. Très colorées. Nuances vives. Evocation de Burano. Beaucoup de plaisir à faire semblant de me perdre dans les petites rues autour du port. »
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« Je pénètre dans les Nefs de la Galerie des Machines juste au moment où le Grand Eléphant entame sa promenade de 16h30. Magique. Impressionnant. Je redeviens gamine devant cette prouesse technique et poétique. Le regard de cet éléphant est plus vrai que nature !
Photo : Patricia Houéfa Grange
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Dans la galerie, les machines sont animées l’une après l’autre. Araignée, fourmi, héron, colibri, chenille et créatures étranges de la serre tropicale. C’est passionnant. Fascinant. Tous ces animaux ont des yeux saisissants ! C’est troublant. »
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« Parcours d’art Estuaire d’une pointe de l’Ile à l’autre. Le crépuscule invente à nouveau des couleurs de cocktail à parasol : Mai Tai, Sweet Dream puis Blue Lagoon. Nuances tendres, vaporeuses, enveloppantes, « dream-like » comme dit Omar Musa dans son Here come the dogs qui m’accompagne en ce week-end. Etrange sensation de vertige dans ce grand écart entre la chaleur qui est un personnage à part entière du roman et le froid glacial qui règne autour de moi. Je me lounge dans l’instant. »
Photo : Patricia Houéfa Grange
« Je repars vers le centre, laisse la nuit me caresser, même si son étreinte est presque gelée. Je remonte jusqu’au Château, traverse au pied de la Tour LU, et découvre l’oeuvre Nymphea du parcours Estuaire, uniquement visible de nuit. Projection du visage d’une femme dans l’eau sur l’eau. Hypnotisant. »
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Jardin des Plantes – Bancs processionnaires (Claude Ponti)
Photo : Patricia Houéfa Grange
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« Je poursuis au Jardin des Plantes aux serres anciennes dont les ouvrages en fer forgé ont un charme délicieusement désuet. Je croise un banc géant, des bancs processionnaires à la légende monstrueusement poétique, et une statue de Jules Verne. L’endroit est bucolique à souhait. Je m’imagine m’arrêter là quelques heures pour lire et regarder le temps passer une fois l’été venu. Pour l’heure, il est pratiquement 13h et les bassins dégèlent à peine. Certains sont assez saisissants car à moitié gelés et à moitié dégelés. Eau qui coule et eau figée. »
Photo : Patricia Houéfa Grange
Et à présent, je vous laisse sur une promenade vernienne sans parole :
Maison natale de Jules Verne
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Maison natale de Jules Verne
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Jules Verne a été baptisé
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Esplanade Jean Bruneau
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Esplanade Jean Bruneau
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Esplanade Jean Bruneau
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Un autre voyage à Nantes à découvrir par là : Partie 1, Partie 2 et Partie 3.