Retour(s) à Prague

Le 9 avril 2018

Eglise Saint Nicolas de Mala Strana
Photo : Patricia Houéfa Grange

L’année dernière, à la fin du printemps, j’avais passé une semaine à Prague, ville qui m’appelait depuis un certain temps déjà, et j’y avais déambulé longuement, avec délice et ravissement. En repartant, je n’étais pas encore consciente que je venais de vivre un véritable coup de coeur. Je savais simplement que j’allais revenir, bientôt. Je ne pensais cependant pas que je le ferais si vite. Mais j’étais pleinement consciente que ce n’était qu’un au revoir. Tant le désir était fort de revoir cette ville en d’autres saisons, sous d’autres angles, dans des rythmes différents.

J’ai eu l’occasion d’y retourner à deux reprises depuis ce premier séjour, le temps d’un week-end prolongé à chaque retour. En plein coeur de l’été, puis à la fin de l’hiver. Voici ce que je griffonnais dans mon carnet quelques jours avant mon premier retour :

Je suis repartie de la plupart des villes/pays que j’ai traversés, où parfois j’ai vécu un temps certain, en disant « je reviendrai ». Pour la toute première fois, je m’apprête à tenir cette promesse. Bien plus tôt que prévu, et même bien plus tôt qu’imprévu ! Il faut parfois savoir ac-cueillir les jolies surprises de la vie.
L’un de mes moments préférés en voyage/escapade, quelles que soient la distance de la destination et la durée du séjour, c’est l’avant. Quand on imagine, qu’on rêve, qu’on se prépare, qu’on voyage déjà un peu, avec un sourire béat dans le cœur, des impatiences, parfois quelques craintes. Cette fois-ci, le goût de cet avant est différent. Cette fois-ci, cet avant est empli de tous les lieux où j’ai envie de retourner, de ceux que je n’ai fait qu’effleurer et où je voudrais m’attarder, de ceux auxquels je n’ai accordé aucune attention la première fois et qui m’appellent fort à présent. Cette fois-ci, cet avant a le goût d’un rendez-vous avec des amis avec lesquels on reprend toujours la conversation là où on l’a laissée, quelle que soit la date à laquelle remonte la dernière discussion !
A priori, la deuxième gorgée n’a pas la même intensité que la première. Mais à mon avis, elle a plus de profondeur. Hâte de parcourir à nouveau cette ville sous les traits d’une autre saison.

Le Pont Charles, le Château, la Vltava
Photo : Patricia Houéfa Grange

Jusque là, les saisons ont un peu joué avec moi. Lors de mon tout premier passage, c’était la fin du printemps, mais l’été pointait déjà bien le bout de son nez. Lors de mon deuxième passage, au milieu de l’été, j’ai eu l’impression que l’automne était déjà là. A mon dernier passage, quelques jours après l’équinoxe de printemps, c’était encore bien l’hiver ! Alors, même si ce n’est pas encore vraiment le cas, j’ai la sensation d’avoir goûté un peu, ou au moins caressé, chacune des saisons de la ville. Mais j’ai bien l’intention d’y retourner encore et encore chaque fois que l’occasion m’en sera donnée !

J’aime désormais autant la Vltava que la Garonne. J’ai autant de lieux chéris et de promenades fétiches à Prague qu’à Bordeaux. En ces deux villes, j’ai mes rituels.

Le Château
Photo : Patricia Houéfa Grange

Lors de ma première visite, j’ai déambulé dans la ville quartier par quartier. Désormais, mes flâneries suivent plutôt le fil rouge d’un thème : les cafés historiques, les îles de la Vltava, les jardins, les oeuvres de David Cerny, les rooftops aux vues époustouflantes, les passages, les lieux un peu insolites, les traversées de la ville en tramway, etc. Je m’inspire beaucoup des suggestions de ce blog. Et je prends encore plus le temps qu’à ma première visite. Lorsque la journée commence, je pars le nez au vent, avec un « programme » plus ou moins défini, mais dans lequel je ne m’enferme pas. Si, au moment où j’arrive dans un lieu, je m’y sens bien, j’y reste autant que j’en ai envie et je savoure pleinement l’instant. Si cela signifie que je ne pourrai pas aller au bout du « programme » prévu, tant pis. Chaque lieu a son heure pour la rencontre et le partage. Si on ne se rencontre pas cette fois-ci, ce sera la prochaine …

Aucune de mes flâneries à thème n’est donc totalement complète à ce jour. Mais ô combien de doux souvenirs j’ai ac-cueillis ! Cependant, j’attendrai mon ou mes prochains séjour(s), une fois que toutes ces flâneries seront bouclées pour venir vous les présenter ici. Ce seront des déambulations à cheval sur plusieurs mois et saisons !

Presqu’île de Kampa
Photo : Patricia Houéfa Grange

D’ici là, je vous dirai qu’à Prague, quand il fait beau, doux et chaud (printemps – été), j’aime parcourir en long et en large les quais de la Vltava, rives droite et gauche ; m’asseoir et oublier la marche du temps dans un des nombreux jardins de la ville, en particulier dans celui de Riegrovy sady, dans mon quartier de Vinohrady, qui offre de superbes vues et des couchers de soleil à ramollir le coeur ; partir dénicher les oeuvres de David Cerny et être à l’affût de toutes les oeuvres d’art contemporain qui se cachent ou pas dans la ville. Je vous dirai aussi que lorsqu’il fait froid ou qu’il pleut (automne – hiver), j’apprécie particulièrement les heures de lecture passées dans les cafés historiques, mon chouchou à moi étant le Kavarna Slavia ; fureter dans les innombrables librairies et me perdre dans le labyrinthe des passages. Mais Prague offre énormément plus que tout cela. Je vous le raconterai d’ici quelques mois !

D’ici là, je vous dirai aussi que désormais, lorsque j’arrive à Prague, ma première visite est pour le Cafefin, restaurant vietnamien sur la place Georges de Podebrady, face à l’étonnante église du Sacré-Coeur. J’aime y savourer lentement un bo bun ou une salade mangue-crevettes, en sirotant un thé, en lisant et en regardant les gens passer sur la place. Désormais, à Prague, je prends tous mes petits-déjeuners, ou plutôt mes brunchs, à l’IF Cafe de Vinohrady (rue Belgicka). Ce lieu est devenu non seulement mon QG du matin, mais aussi ma principale « chambre à écrire » à Prague. C’est là que je noircis mes carnets de déambulation entre deux gorgées de café et deux bouchées d’oeufs Bénédicte. Et désormais, une visite à Prague n’en est pas une si je ne passe pas au moins une heure au Kavarna Slavia. Mon petit plaisir étant d’y entrer autour de 16h, de commander une boisson chaude ou fraîche, voire un plat, et de déguster tout cela en lisant, et en attendant que sonne 17h, heure à laquelle un pianiste se met à jouer tous les jours.

D’ici là, je vous dirai enfin que je ne me doutais pas de l’émotion qui étreindrait mon coeur à chaque retour en entendant la voix automatique dans le métro annoncer : « Pristi stanice : Namesti Miru » (Prochain arrêt : Namesti Miru). A chaque fois, je me retiens de commencer à chanter haut et fort « Here’s my station » !!! Et cette émotion est à son comble lorsque j’émerge du ventre de la terre (ce n’est pas qu’une image, la ligne de métro est creusée en grande profondeur), et que mes yeux croisent le regard de Sainte Ludmila sur la place Namesti Miru. A ma première visite, l’air était empli du parfum des marronniers en fleurs. A mon deuxième séjour, c’était une odeur vive, herbacée, qui m’a rappelé la becherovka. Et lors de mon dernier passage, la place baignait dans une odeur de sucre caramélisé provenant du Marché de Pâques qui y était installé. Mais à chaque fois, tout mon être a frémi devant Sainte Ludmila, comme si je rentrais à la maison, comme si ma Maman me serrait tout contre elle. Je suis chez moi là aussi, à Namesti Miru, à Vinohrady, à Prague.

Sainte Ludmila sur Namesti Miru
Photo : Patricia Houéfa Grange



2 grains de pollen to “Retour(s) à Prague”

  1. Claire-Lise dit :

    Plus qu’un coup de cœur, c’est une véritable histoire d’amour que tu nous contes ici. Merci pour ce partage de tant d’émotions aussi belles que profondes.

    • Mariposa dit :

      En effet, Prague, c’est une histoire d’amour !!! Je suis heureuse de la partager ici et ailleurs, et d’avoir déjà convaincu plusieurs personnes autour de moi d’aller lui rendre visite. Jusque là, ils sont toutes et tous rentré-e-s ravi-e-s.

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