Symphonie poético-picturale bilingue à deux voix et quatre mains
Sinfonía poético-pictórica bilingüe a dos voces y cuatro manos
Ilinx, Ivan Torres
(Le vertige et l’appétence des couleurs)
97×130 cm. Acrylique et huile sur lin (2013)
Vértigo de pigmentos/Vertige pigmenté
Elle veut plier pour lui un papillon de papier.
Elle dit :
« Quelle est ta couleur préférée ? »
Il dit :
“Cada color tiene para mí un latir o un mensaje.”
Cette phrase fait bruisser l’atmosphère qui se métamorphose en kaléidoscope.
Elle dit :
« Tes mots me parlent. Rouge, mauve et turquoise sont les trois pulsations qui abreuvent mon esprit. Mais chaque journée, chaque émotion, chaque état d’âme tremble en moi d’une nuance qui lui est propre.
Ábreme el abanico-flor de los matices de tu alma.”
Il dit :
“El color es una vibración en mi mente.
Respirar son todos los colores ensimismado.
Reír son chispas blancas.
Tener nostalgia es un color aterciopelado y oscuro.
Para la luz, el arcoíris es una manifestación salvaje de su potencia.
Y para las sombras del atardecer, vértigo de centellas.
El vaivén de la luz, entre las horas, es el vértigo del aire que deja vivir este instante.”
Ella recoge los pétalos de sus palabras y dice:
« Le souffle qui m’éveille au matin est d’une tendresse pastel.
La respiration profonde du jour peut être orange vif ou bleu paisible.
L’haleine du sommeil est blonde comme le sable des rêves.
La danse est inspirations et expirations d’éclats métalliques, or, argent, cuivre.
De multiples lampions multicolores clignotent dans mes rires de guinguette.
Si je me mets à pleurer, tu pourras cueillir des brassées d’œillets safran au coin de mes paupières.
La mélancolie m’étouffe d’écharpes de soupirs rose pâle.
Le manque me noie dans un néant béant son absence de couleurs.
Mais l’émotion devant la beauté m’irise comme la surface éphémère d’une bulle.
La joie m’explose en feux d’artifice arcs-en-ciel.
Sous les doigts d’un amant, j’adopte le camaïeu d’un crépuscule ivre.
Et si l’amour vient à me saisir et que deux bras se nouent autour de ma vie, alors je déploie toutes les teintes et tous les grains d’une couleur singulière, unique, que le pinceau de mi cielo recrée à chaque instant sur la toile de mes frissons. »
Él se deja llenar por el eco de lentejuelas de su voz.
Il dit :
“El color de tu piel, entre mis brazos, ni de bronce ni de azur … en medio de la noche eres obsidiana color. Y yo tu vértigo de caricias.
Creo que el lenguaje del amor es la tonalidad de un color en su pureza.”
Les mots résonnent silencieusement et le kaléidoscope frémit en un vertige voluptueux.
Elle dit en murmurant :
“¿De qué color es tu alma en este instante?”
Él susurra unas palabras tan delicadas y frágiles como las alas de una libélula.
Alors elle lui glisse dans les paumes palpitantes un papillon de washi précieux dont la couleur reste à inventer.
Patricia Houéfa Grange (caractères droits) & Ivan Torres (caractères italiques)
Tous droits réservés
Tlapalería, Ivan Torres
(« Tlapalli » signifie « couleur » en langue nahuatl)
80×80 cm. Acrylique (trapping) sur toile (2012)
Ce poème a été conçu et n’a réellement d’intérêt en tant que création que dans cette danse bilingue entre français et espagnol. Des échos de mots et d’images ont été créés d’une langue l’autre. Cependant, pour la compréhension globale de celles et ceux qui ne liraient pas l’une ou l’autre de ces langues, je vous en propose des versions unilingues ci-dessous. Cependant, j’insiste, ce poème est intrinsèquement bilingue.
Version unilingue en français : Vertige pigmenté.
Versión unilingüe en español: Vertigo de pigmentos.