Je reviens vous dire deux mots du projet de traduction qui aura accompagné mon année 2021.
J’avais commencé à vous en parler là et ici. Puis je vous ai récemment révélé qu’il s’agit du conte horrifique The House of Sounds de Matthew Phipps Shiel dit M.P. Shiel, dont j’avais déjà traduit le sublime Xélucha il y a trois ans ; que c’est à nouveau une commande des Editions de l’Abat-Jour que je remercie de leur confiance ; et qu’il paraîtra en anthologie au premier semestre 2022.
Comme indiqué précédemment, The House of Sounds, a paru en 1911 dans le recueil The Pale Ape and Other Pulses. Ce texte est une réécriture de Vaila qui avait été publié en 1896 dans le même recueil que Xélucha, à savoir Shapes in the Fire. Les amateurs de littérature fantastique et lecteurs de Poe y reconnaîtront une forte inspiration puisée dans La chute de la maison Usher – tout comme Xélucha était inspiré de Ligeia – mais le style et l’imaginaire foisonnant de Shiel impriment sa propre marque singulière à ce récit.
La traduction est toujours en cours de peaufinage, dans la dernière ligne droite. Mais j’avais envie de partager avec vous, outre ce travail sur les sons dont cette maison est emplie, les résonances qui font écho en moi à chaque nouvelle lecture, entre ce conte qui a 110 ans cette année et les temps que nous vivons actuellement.
Le récit présente deux personnages principaux qui cohabitent, à deux moments de leur vie, dans deux lieux différents. Ces lieux ont en commun d’être isolés du reste du monde et de les enfermer/emprisonner d’une certaine manière, surtout le second. Je n’ai donc pas pu m’empêcher de penser au confinement.
Dans la deuxième partie du récit, ces deux personnages se noient dans le bruit omniprésent à tel point qu’ils sont obligés de communiquer en s’écrivant à l’aide d’un crayon sur une feuille de papier, alors même qu’ils sont face à face. Là aussi, je n’ai pu m’empêcher d’y retrouver tout le bruit et l’agitation du monde actuel, à la différence que dans ce dernier, ce ne sont pas des éléments extérieurs qui produisent le vacarme, mais nous-mêmes. Nous ne nous entendons plus parce que tout le monde veut parler plus fort que l’autre et que personne ne s’écoute. Et on communique de plus en plus en s’écrivant par écran interposé.
Des échos, il y en a d’autres, mais je vais m’arrêter là pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte à la lecture. Cependant je trouve fascinant qu’un texte puisse en produire de cette sorte plus d’un siècle après sa rédaction !
Bien évidemment, ces résonances ne sont pas des interprétations du conte de Shiel. Ces dernières peuvent être multiples. J’ai les propres miennes. Mais je n’en dirai rien. Je vous laisserai faire votre propre voyage et chemin.
Sur ce, je retourne aux délices sonores de cette traduction et vous donne rendez-vous dans le courant du premier semestre 2022 pour traverser ensemble La maison des sons.