J’ai eu le bonheur de me faire préfacière (c’est une première !) pour l’un des derniers nés des belles œuvres des Éditions Gope, à savoir Sur les chemins de l’Issan – Chroniques thaïlandaises douces-amères de Frédéric Kelder :
Voici l’avis d’une des toutes premières lectrices adressé aux éditions Gope :
En découvrant que Patricia Houéfa Grange en avait rédigé la préface, j’ai eu de nouveau dans l’oreille sa voix si musicale (et sa façon de prononcer hati, hati en séparant les deux mots, que j’avais toujours entendus « jumelés »). Je suis allée chercher CETTE MALAISIE LAH ! dans ma collection, et l’ai posé à côté de SUR LES CHEMINS… J’aime votre parti-pris de livres illustrés ; l’aspect à la fois poudré et tramé des deux couvertures, le camaïeu de rose et rouge corail.
Revenons à l’Issan. Excellente idée, avoir placé cette fois le glossaire au début du texte plutôt qu’à la fin ! C’est là qu’il est utile au lecteur.
Le recueil lui-même est très attachant, plein de tendresse, d’indulgence, d’humour. On dénonce sans cruauté le regard occidental qui se pose avec son conformisme, sa naïveté sur la vignette « exotique » Oui, « c’est beau, les khlongs »… mais la dengue tue. C’est merveilleux, les buffles… mais « ce n’est pas si facile à élever », et labourer au Kubota, c’est bien pratique. Et les logements offrent un certain confort, mais « Seuls des architectes asiatiques peuvent dessiner un trois-pièces dans 25m² ». Pas de déploration brutale, pas d’idéalisme à bon marché. De petites touches contrastées (comme l’indique le sous-titre) qui n’occultent ni la junk food, ni les smartphones, ni la monarchie autoritaire, ni les soucis très quotidiens. Une langue parfois « documentaire », parfois poétique, de plain-pied avec la réalité observée.
Bien sûr, nombre d’éléments me rappellent l’Asie, même si je ne connais de la Thaïlande que Bangkok : l’eau omniprésente (l’eau, ai-je écrit quelque part, ne connaît que deux mesures : le manque et le trop-plein), les rizières (celles de Malaisie et d’Indonésie ; celles, plus rares, de Sri Lanka), les temples…
Je crois que ma nouvelle préférée, c’est YAÏ LOONG, qui dit tout en si peu de mots : l’empathie, la mélancolie de la vie qui passe, l’effort et l’espoir qui seront présents jusqu’au dernier jour. Avec la magnifique photo de ces mains qui pourraient être sculptées dans l’ivoire. J’ai beaucoup aimé aussi UN MATIN AU MONASTÈRE DU VILLAGE, qui boucle la boucle temporelle avec grâce, son dernier paragraphe faisant écho au premier. Quel précieux « livre d’heures » que votre dernier opus !
H. H.
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