Voilà, c’est fini. Du moins pour ma part.
Juste avant les fêtes de fin d’année, j’ai livré l’ultime et définitive version de ma traduction du conte horrifique The House of Sounds de M. P. Shiel aux Editions de L’Abat-Jour.
Lors des dernières séances de travail, je me suis exclusivement concentrée sur l’adaptation du façonnage des sons effectué par Shiel en divers endroits de ce récit, et en particulier dans le passage de la chute, dans tous les sens de ce terme. Echos et allitérations orchestrent ce grand final.
Ce ne fut pas une mince affaire, mais je pense avoir réussi à transmettre au mieux ce texte, dans le fond, la forme et l’esprit. De façon générale, sans être dans le mot à mot ni le littéral, j’aime rester au plus près de la lettre d’un texte quand je traduis, mais je sais aussi m’en éloigner lorsque c’est nécessaire pour reproduire l’intention de l’auteur.e. Pour moi, c’est une question de respect, et je suis donc guidée par le respect du texte dans tous ses aspects, aussi bien l’histoire/message qu’il véhicule, que les effets qu’il veut produire. Cela représente toujours un grand exercice d’équilibriste dont je ne me lasse pas !
Bien sûr, il y aura encore certainement, dans les mois qui viennent, des échanges avec le(s) relecteur(s) et l’éditeur, ainsi que des modifications homéopathiques à la suite de ces discussions, mais l’essentiel est fait. Et c’est un émerveillement renouvelé que de découvrir, à l’issue de tous ces mois de travail, l’être vivant qu’est devenu ce texte désormais revêtu de sa peau de mots français ! A la couture du point final d’un ouvrage, je ressens la même émotion en tant que traductrice que celle qui m’étreint en tant que poète pour mes propres recueils.
Xélucha fut une mission intense et The House of Sounds une tâche de longue haleine. Après ces deux traductions, je connais d’un peu plus près la langue et le style shieliens. Il y a même eu des moments au cours de cette année 2021 où, assise à mon bureau, j’avais presque l’impression de traduire sous possession !!! Voilà qui aurait certainement plu à l’auteur et qui sait s’il n’en ricane pas sardoniquement de là où il est ! Ce qui est sûr, c’est que je me sens désormais pleinement prête à traduire d’autres contes des recueils Shapes in the Fire et The Pale Ape.
D’ici là, aux éditions de L’Abat-Jour, on s’active pour élaborer l’anthologie dont La maison des sons fera partie et qui sera publiée dans le courant du premier semestre 2022. En attendant, n’hésitez pas à découvrir Xélucha dans l’Anthologie littéraire décadente parue en 2018 aux mêmes éditions, dans ma traduction. Et si Shiel vous séduit, sachez que son roman emblématique The Purple Cloud (1901) a été traduit en français dès 1913 (traduction par Henry D. Davray et Gabriel de Lautrec pour Pierre Laffitte et Cie (Paris)) puis en 1972 (traduction de Jean Gibet pour Denoël (Paris)) sous le titre Le nuage pourpre. C’est cette dernière traduction qui a été rééditée en 2018 par L’Arbre Vengeur, précédée de l’édifiante préface de Roger Dobson, dans une traduction d’Anne-Sylvie Homassel (ce texte de Roger Dobson avait été précédemment publié par Le visage vert).
Encore un grand merci à Marianne Desroziers et Franck Joannic pour leur confiance renouvelée.