Lima, mars 2023
Hier, je suis allée visiter le LUM, Lugar de la Memoria, lieu-mémoire sur trois niveaux consacré aux victimes du conflit armé interne péruvien, des années 1980 à 2000, au cours duquel la population dans son ensemble, mais principalement dans certaines régions (les Andes et l’Amazonie) s’est retrouvée prise en étau entre le Sentier Lumineux et le mouvement révolutionnaire Tupac Amaru d’une part, et l’armée qui avait été envoyée pour lutter contre ces groupes d’autre part.
Comme dans tous les conflits, outre tous les autres actes de violence inimaginable, les femmes ont souvent subi des viols et violences sexuelles. Mais elles se sont également organisées pour lutter, prendre en charge les orphelins, les personnes laissées sans ressources, retrouver les disparus… Et je découvre, depuis mon arrivée au Pérou, la figure de María Elena Moyano, militante afro-péruvienne qui a payé de sa vie son opposition au Sentier Lumineux. Il y a dans l’exposition un extrait d’un poème qu’elle avait écrit dans son carnet de notes quelques mois avant d’être assassinée et qui prend aux tripes quand on sait ce qui est arrivé par la suite. J’y reviendrai dans ma prochaine publication.
Un des avantages quand on séjourne longuement dans une ville, c’est la possibilité de pouvoir prendre le temps de digérer chaque expérience. Impossible pour moi d’écouter tous les témoignages présents dans une des salles du LUM. Les deux que j’ai traversés m’ont retourné la chair. Impossible d’aller voir/visiter quoi que ce soit d’autre après le LUM. Il n’y a de la place que pour un grand silence.
(Toutes les photos de cette note sont de Patricia Houéfa Grange, Lima, mars 2023)