Je lis mon poème « Nid d’ici Née ailleurs » accompagnée
par Roman qui improvise à la guitare
Le 9 mai, j’ai animé la soirée d’inauguration du Showroom de mon amie Rosa Muginga dont je vous ai parlée il n’y a pas longtemps.
A cette occasion, j’ai présenté un moment de lecture sonore autour du métissage (textes extraits de mon ouvrage Métisse. Et alors ?).
Mais mon principal défi de la soirée, à l’invitation de Rosa, a consisté à créer un défilé de poèmes-textiles pour accompagner le défilé des créations de Rosa.
Comme nous étions dans le thème du métissage, qu’il s’agisse de mes poèmes ou des oeuvres de Rosa, j’ai décidé de placer également ce défilé sous le signe du métissage en le faisant porter par deux figures féminines : Aliénor d’Aquitaine (puisque nous sommes à Bordeaux) et la reine Nzingha du Matamba (ancien royaume d’Angola dont Rosa est originaire).
Voici ce que cela a donné :
– Série Royaume du Matamba
(Photos prises dans le Showroom après le défilé)
Où que se pose son regard
Balayant les quatre horizons
Il ne rencontre que vert luxuriant
Forêt foisonnante et cultures exubérantes
Jardins abondants dont les fruits plantureux
S’ouvrent sur leurs chairs denses
Délicieux festival de couleurs opulentes
Alors Nzingha laisse son visage sourire
Et ajouter un rayon au soleil de Matamba.
– Série Jolie Mauve
(Photos Ron Vargas)
Cinq pétales rose-pourpre
Striés de veines violacées
Fleur-étoile
Fleur-bijou
Irradiant des soupirs-améthystes
Belle mauve, princesse sauvage
Et reine des simples
Aliénor te cueille par brassées
Belle mauve, pour te poser sur ses bleus
Toi qui guéris les maux du corps
Tu sauras apaiser les tourments de son âme
Belle mauve
Belle mauve posée sur les bleus.
– Série Princesses Amazones
(Photos prises lors de la Fashion Week de Bordeaux en mai 2014)
Regarde-moi
La beauté n’est qu’une de mes facettes
Je suis femme, guerrière et souveraine
Je ne baisserai pas les yeux
Je tracerai le chemin que je veux suivre
Ma flèche atteint toujours son but
Car je suis de Matamba et je m’appelle Nzingha
Je ne baisserai pas les yeux
J’irai le chemin que je voudrai
Je suis libre de mon cœur et de mon corps
Car je suis d’Aquitaine et je m’appelle Aliénor
Regarde-nous
La beauté n’est qu’une de nos facettes
Nous sommes protectrices
De nos peuples, de nos cultures, de nos ancêtres
Nous n’accepterons ni les fers ni les entraves
Nous boirons aux coupes des rencontres et de la tolérance
Nous sommes femmes, guerrières et souveraines
La beauté n’est qu’une de nos facettes
Ecoute l’écho de nos légendes
Nous sommes femmes, princesses et amazones
Enfants d’Aliénor et Zingha
Ce fut une très belle soirée et je me suis beaucoup amusée à écrire ces textes-textiles. Créer ces poèmes a aussi été l’occasion pour moi de rencontrer Nzingha du Matamba. Je pense que ce n’est pas la dernière fois que ma poésie la chante. Affaire à suivre !
Alors, les poèmes-textiles, qu’en pensez-vous ? Stop ou encore ?
Encore! Encore! Tout ce qui peut nous faire rêver, tout ce qui donne une âme aux « objets inanimés » (ici les robes). Et puis cette façon de créer l’événement -surprise permet de ramener notre monde à la poésie. Bravo à tous les aetistes d’aiguilles et de mots!
Merci pour ton enthousiasme, Monique ! Ca fait plaisir et cela me conforte dans la (les) voie(s) que je souhaite suivre. A savoir saupoudrer la vie de poésie, introduire la poésie partout où on ne l’attend (et où on ne l’entend) pas.