L’arbre Flamme-de-l’Enfance
J’imagine souvent
que mon cordon ombilical
est enterré
au pied d’un arbre
dans la latérite vibrante de mon enfance
J’imagine souvent
que ce serpent de chair
s’est mêlé
aux racines de l’arbre
en l’humus tendre de mon enfance
J’imagine souvent
que mon cordon ombilical
est allaité
par la sève de l’arbre
sur la terre fertile de mon enfance
J’imagine souvent
que ce vestige utérin
est tété
par l’esprit de l’arbre
du continent brun de mon enfance
J’imagine parfois que le vent
disperse aux quatre horizons
les pétales flamboyants
des fleurs de l’arbre
nourri
du sang de mon enfance
Patricia Grange
Février 2016, tous droits réservés
Ce poème m’habitait passivement depuis plusieurs années et activement depuis plusieurs mois. Souvent revenait à mon esprit cette image d’un arbre gardien de mon cordon ombilical, qui nourrirait et serait nourri par ce cordon, ce cordon faisant battre à distance le coeur de mon âme et les racines de mon sang. Ce motif de l’arbre gardien de mon cordon ombilical apparaît d’ailleurs en clôture d’un poème que j’ai écrit l’été dernier, sans en être le thème principal … Chaque fois qu’il revenait me hanter, ce poème prenait la forme d’un flamboyant, un des arbres du décor de mon enfance.
Et c’est après avoir lu la nouvelle Flamme de la forêt de Shivani Sivagurunathan (Malaisie) dans le premier numéro de la Revue Jentayu que ce poème s’est enfin libéré pour faire voler ses fleurs vives (vivantes) vers vous. Son titre est évidemment inspiré du titre de cette nouvelle. J’espère qu’il vous touchera.
Le flamboyant, arbr’âme de mon île. Je l’ai chanté bien entendu dans un poème.
Une grand-mère t’a laissé en héritage
petite graine de flamboyant
en dépit des vents, des orages
te voilà bel arbre maintenant…
Salut donc au flamboyant-Patricia!
Merci beaucoup, Monique. Je suis très touchée.